L’hommage des Présidents Bouteflika et Macron à la veuve de Maurice Audin
DIA-04 février 2019: Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances à la famille de Josette Audin, décédée samedi à Paris à l’âge de 87 ans, dans lequel il a rendu hommage à une « militante anticolonialiste de la première heure ».
« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Josette Audin, militante anticolonialiste de la première heure », écrit le Président Bouteflika dans son message.
Le chef de l’Etat a tenu à saluer « avec émotion », la mémoire de « cette grande dame qui a mené un combat inlassable, sa vie durant, afin que la vérité soit faite sur l’assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la guerre de libération nationale ».
« Son courage, sa persévérance, la force de ses convictions et de ses engagements ont marqué les esprits à jamais », a-t-il ajouté.
« En ces moments douloureux, je présente à ses enfants Michèle et Pierre, à tous les membres de sa famille, à ses proches et amis, mes sincères condoléances et les assure de ma chaleureuse sympathie », conclut le président de la République dans son message.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que le militant Maurice Audin « avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort » par l’armée française, durant la glorieuse Révolution de Novembre 1954.
Dans un hommage à Josette Audin, veuve du mathématicien et militant de la cause algérienne, enlevé et assassiné par l’armée française en juin 1957, le président Macron a rappelé, qu’arrêté à son domicile par des militaires français le 11 juin 1957, Maurice Audin « ne revint jamais ».
« Il avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort par ceux qui l’avaient arrêté », a-t-il affirmé, soulignant que la plainte pour enlèvement et séquestration que Josette Audin déposa alors « achoppa, comme d’autres, sur le silence ou le mensonge des témoins-clés ».
Il a encore rappelé que « l’enquête fut définitivement close en 1962 par un non-lieu, en raison des décrets d’amnistie pris à la fin de la guerre d’Algérie, qui mirent fin à toute possibilité de poursuite ».
« Déplaçant alors son combat pour la justice sur le terrain de l’établissement et de la reconnaissance de la vérité, des faits historiques et des responsabilités politiques, Josette Audin continua à se battre avec une détermination inébranlable pour savoir ce qui était arrivé à son époux, puis pour que cette histoire soit connue, et, plus généralement, pour que l’histoire complexe et douloureuse de la guerre d’Algérie soit regardée avec courage et lucidité », a-t-il ajouté.
Il a également évoqué son combat de plus de soixante ans, en compagnie de ses enfants, au sein de l’Association Maurice-Audin, avec le soutien d’historiens comme Pierre Vidal-Naquet, de mathématiciens et de journalistes. « Josette Audin s’est inlassablement mobilisée pour que jamais le souvenir de Maurice Audin et la mémoire de son sort ne s’éteignent », a-t-il mentionné.
Ce combat, a-t-il poursuivi, a été également mené pour que « l’Etat reconnaisse la responsabilité des gouvernements français qui, durant la guerre d’Algérie, échouèrent à prévenir et à punir le recours à la torture, faillirent à cette mission fondamentale qui incombe à toute autorité démocratique d’assurer la sauvegarde des droits humains et, en premier lieu, l’intégrité physique de celles et de ceux qui sont détenus sous leur souveraineté ».
« La vie de Madame Audin fut une vie d’amour et de combat pour son mari et pour la vérité. C’est son viatique et la source de notre profond respect », a-t-il conclu. Le 13 septembre dernier, le président Macron, en rendant visite à Josette Audin, avait reconnu le rôle de la France dans l’assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la Guerre de libération nationale.