L'ICAN appelle la France à "déterrer" les déchets des explosions nucléaires dans le Sud de l'Algérie - DIA
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L’ICAN appelle la France à « déterrer » les déchets des explosions nucléaires dans le Sud de l’Algérie

DIA-26 Août 2020: L’Organisation non gouvernementale internationale ICAN a lancé un appel pour « exercer une pression » sur la France en vue de « déterrer » les déchets provenant des explosions nucléaires effectuées dans le Sahara algérien afin d’assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, et préserver l’environnement.

« Le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables. Il est temps de déterrer les déchets provenant des essais nucléaires réalisés entre 1960 et 1966 par la France au Sahara pour assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures », est-il relevé dans une contribution publiée sur le site internet officiel (icanfrance.org) d’ICAN (International campaign to abolish nuclear weapons).

Sous le titre « Sous le sable la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie », cette Organisation qui lutte en faveur de l’abolition des armes nucléaires, a estimé que le déterrement de ces déchets permettra de « préserver l’environnement », mais aussi « d’ouvrir une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France ».

L’appel de cette Organisation internationale, qui regroupe quelque 570 Organisations non gouvernementales issues de 105 pays, intervient plus de 50 ans après le dernier essai nucléaire en Algérie et coïncide également avec la date du 29 août, consacrée par l’Organisation des Nations unies « Journée internationale contre les essais nucléaires ».

En ce sens, l’ICAN, lauréate du prix Nobel de la paix en 2017, s’est référée à une nouvelle étude publiée par la Fondation Heinrich B?ll, intitulée « Sous le sable la radioactivité, les déchets des essais nucléaires français en Algérie : Analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ». L’étude a été réalisée par le directeur de l’Observatoire des armements, Patrice Bouveret, et le co-porte parole de ICAN France, Jean-Marie Collin.

« Si on connaît le nombre des essais nucléaires réalisés par la France en Algérie (de 1960 à 1966), ainsi que les principaux accidents qui ont eu lieu, on ignore que les générations actuelles et futures et l’environnement du sud algérien restent soumis aux déchets, notamment radioactifs, présents sur ces sites », a fait observer cette Organisation internationale, relevant que l’étude en question « dresse ainsi un premier inventaire de ce qui a été volontairement laissé (déchets non radioactifs, matériels contaminés par la radioactivité, matières radioactives issues des explosions nucléaires) et enfoui sous le sable, du simple tournevis contaminé par la radioactivité, aux (épaves) avions et chars ».

« Cette étude montre également comment le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui inclut des obligations positives (articles 6 et 7), est une réponse pour faire évoluer cette problématique humanitaire et sanitaire », souligne ICAN, relevant en outre que la même étude « doit également être rapprochée avec le travail mémoriel de +vérité+ entre les peuples français et algérien, mise en place suite à la nomination, côté algérien de M. Abdelmadjid Chikhi (conseiller auprès de la présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la mémoire nationale) et côté français, l’historien Benjamin Stora.

Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Tayeb Zitouni, a toujours insisté sur l’impératif de « poursuivre les efforts visant à trouver une solution au dossier d’indemnisation des victimes des essais nucléaires ».

Pour l’avocate Fatima Benbraham, il est aujourd’hui impératif de récupérer les archives de la période coloniale, car elles constituent « l’instrument juridique » permettant de définir le nombre exact des victimes de ces explosions.

Pour rappel, entre 1960 et 1966, la France a effectué cinquante-sept (57) expérimentations et explosions nucléaires, à savoir quatre explosions aériennes dans la région de Reggane, treize explosions souterraines à In Ikker, trente-cinq essais complémentaires à Hammoudia, dans la région de Reggane, et cinq expérimentations sur le plutonium dans une zone à In Ikker, située à 30 km de la montagne où ont eu lieu les essais souterrains.

La première explosion a été réalisée dans la région de Reggane le 13 février 1960, avec une puissance variant entre 60.000 et 70.000 tonnes de TNT. Cette bombe est cinq fois plus puissante que celle lancée sur Hiroshima, selon les experts.

Selon des historiens et experts, ces essais nucléaires dans le sud du pays restent parmi les pires crimes perpétrés durant 132 ans d’occupation destructrice et illustrent la politique génocidaire pratiquée par le colonisateur que la France officielle doit pleinement assumer et reconnaître.

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