Loi interdisant les binationaux: L’Algérie veut des dribbleurs, pas des intellectuels
DIA- 30 novembre 2016: Le débat autour des binationaux est un débat sans fin. L’Algérie instaure une nouvelle ère pour les hauts responsables de l’Etat, qui doivent être exclusivement détenteurs de la nationalité Algérienne. Les joueurs de football et les sportifs sont quant à eux dispensés de cette nouvelle loi. Comme qui dirait, l’Algérie a besoin de talents et de dribbles et non pas de matière grise et de savoir.
En effet, l’adoption hier par les membres de l’Assemblée Populaire Nationale du projet de loi fixant la liste des hautes responsabilités de l’Etat et des fonctions politiques dont l’accès requiert la nationalité algérienne exclusive ressuscite ce débat.
La loi en question stipule que le président du Conseil de la nation, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), le Premier ministre, le Président du Conseil constitutionnel, les membres du gouvernement, le Secrétaire général du gouvernement, le Premier président de la Cour suprême et le Président du Conseil de l’Etat, doivent détenir exclusivement la nationalité Algérienne. Sont également concernées par cette loi les fonctions de Gouverneur de la Banque d’Algérie, responsables des corps de sécurité, Président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Commandants des forces armées, commandants des Régions militaires, ainsi que toute haute responsabilité militaire fixée par voie réglementaire. Une période transitoire de six mois est accordée aux personnes occupant des hautes responsabilités de l’Etat et les fonctions politiques fixées dans cette loi pour se soumettre à son contenu.
En se penchant sur cette nouvelle mesure, l’on s’aperçoit que l’Algérie fait du deux poids deux mesures. Car les élites intellectuelles, scientifiques ou politiques sont mises de coté. Elles doivent impérativement renoncer à leur nationalité autre qu’Algérienne s’ils veulent occuper l’un des postes énumérés dans la nouvelle loi. Ceci au moment où le pays a le plus besoin d’eux, vu la situation économique. Mais également vu le niveau des écoles et universités Algériennes, qui sont classées parmi les dernières au monde.
Par contre, tout sportif et plus particulièrement les footballeurs que l’Algérie se donne à cœur joie de piquer aux équipes nationales étrangères, surtout l’équipe de France, ne sont nullement concernés par la loi qui vient d’être adoptée. Ainsi, l’Algérie favorise l’exode de ces sportifs. Pourtant l’Equipe Nationale fait figure de symbole de la nation, sauf qu’elle est composée majoritairement de binationaux.
Un simple calcul parmi l’effectif de l’EN permet de constater que pas moins de 15 joueurs possèdent la double nationalité.
Il est tout aussi important de rappeler que c’est à l’initiative de l’Algérie que la Fédération internationale de football (FIFA) a changé ses lois sur les binationaux. En juin 2009, la FIFA a aboli la limite d’âge qui était fixée à 21 ans et a permis aux binationaux qui n’avaient jamais joué en équipe A d’un des deux pays de rejoindre l’autre.
Lamine Réda