Message intégral du président de la République à l’occasion de la Journée nationale du Moudjahid
DIA-20 août 2016: Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a adressé un message à l’occasion de la Journée nationale du Moudjahid, commémorative du double anniversaire de l’Offensive du Nord-Constantinois (20 août 1955) et du Congrès de la Soummam (20 août 1956), lu en son nom samedi à Béjaia par le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi. En voici la traduction APS:
« Mesdames, Messieurs,
Nous nous recueillons aujourd’hui avec ferveur et humilité à la mémoire du million et demi de chahids qui ont payé de leur vie le prix de la liberté pour que vive l’Algérie digne et indépendante.
Nous commémorons avec une grande fierté et reconnaissance la mémoire de ceux qui ont payé au prix fort la libération de l’Algérie et l’affranchissement de son peuple du joug colonial.
Le 20 août 1955 figure parmi les dates phares de l’Histoire de l’Algérie qui connut, ce jour, un élan révolutionnaire héroïque dans les régions du nord.
Alors que nous commémorons cette grande date de l’histoire de l’Algérie, notre vaillant peuple célèbre également le 60ème anniversaire du Congrès du 20 août 1956, tenu au coeur de la Kabylie, dans la région d’Ifri Ouzellaguen, une rencontre qui fut un tournant des plus décisifs dans l’histoire de notre glorieuse Révolution.
Mesdames, Messieurs,
Les opérations héroïques, qualitatives et parfaitement orchestrées en ce 20 août 1955 ont donné un souffle nouveau à la Guerre de libération, grâce à la détermination de vaillants et courageux moudjahidine, décidés à faire respecter la volonté du peuple à aller de l’avant et à poursuivre sa Révolution que le colonisateur tentait, vainement, d’étouffer dans l’oeuf.
Les opérations militaires du 20 août 1955 insufflèrent un nouvel élan à la Révolution qui fut élargie aux quatre coins du pays, pour mieux faire entendre sa voix haut et fort sur la scène internationale. La cause nationale se fraya, ainsi, un chemin vers les tribunes des instances et organisations régionales et internationales.
L’écho retentissant de l’Offensive du Nord-Constantinois incita les dirigeants de la Guerre de libération à prendre conscience de l’impératif de sécuriser la lutte du peuple en tirant les enseignements nécessaires pour mieux appréhender l’évolution de la Révolution.
C’est ainsi que se cristallisa la volonté d’hommes intègres, de se réunir au plus haut niveau, en ce 20 août 1956, pour la tenue d’une importante rencontre historique, le Congrès de la Soummam, témoin de l’éclosion du génie des dirigeants de la Révolution qui dessinèrent avec une grande ingéniosité les contours d’une stratégie exhaustive de la Révolution, incluant les dimensions militaire, politique, diplomatique et sociale.
La restructuration au plan interne par la délimitation des six wilayas historiques avec leurs composantes, en fut l’un des plus importants axes, auquel s’ajoutaient le Conseil national de la Révolution (CNR), fédérateur de l’ensemble des dirigeants de la Révolution et le Comité de coordination et d’exécution (CCE) qui donnera, en l’espace de deux années, naissance au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Les résolutions du Congrès de la Soummam ont permis de mener la Révolution vers le succès en organisant les instruments et organes politiques et militaires de la Guerre de libération.
Voulant renforcer le front national, les dirigeants de la Révolution ont fédéré toutes les forces révolutionnaires aux fins d’accélérer la victoire et d’arracher l’indépendance.
Le Congrès de la Soummam dont les travaux ont été sanctionnés par une importante plate-forme stratégique éponyme, a imprimé un nouvel élan à la Révolution qui s’est vu consolidée face aux desseins du colonisateur dont la haine s’est abattue sur l’héroïque peuple algérien qui a subi sa machine de guerre et goûté de sa politique criminelle faite de condamnations massives, de bombardements, de destruction de villages et de détentions…comme moyens d’endiguement de la vague révolutionnaire.
Mesdames, Messieurs,
La volonté du peuple algérien héroïque triompha de la plus grande puissance militaire de l’époque et l’Algérie libre et indépendante hissa haut son drapeau, six ans après le Congrès de la Soummam.
Ce vaillant peuple qui a recouvré la souveraineté de son pays, a su remporter, peu d’années après, le défi de sa reconstruction et de son édification et effacer les stigmates de la guerre et de la destruction par l’édification d’un Etat moderne, fort d’une économie industrielle prometteuse et d’une politique de formation judicieuse à même de doter le pays de jeunes compétences de renommée mondiale ayant une excellente maîtrise des sciences et des technologies.
Toutefois, la marche ambitieuse et prometteuse de l’Algérie indépendante achoppe au terrible choc pétrolier des années 80 et le pays pâtit des mauvais calculs et des fautes de gestion commises, pourtant, par des responsables dont le parcours militantiste était sans faille et les intentions bonnes et irréprochables.
« Mesdames, Messieurs,
L’élan révolutionnaire opéré le 20 août 1955 et le Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956 ont mené la Révolution vers le succès et permis au peuple algérien de prendre conscience qu’il pouvait prendre son destin en mains et reconquérir son pouvoir souverain.
De la même façon, et après avoir vécu la tragédie nationale, le peuple algérien s’est engagé en un seul homme sur la voie du renouveau national dans un processus auquel je suis fier d’avoir participé depuis 1999.
Nous avons, dès lors, décidé de sortir le pays de la spirale du terrorisme et de la destruction pour le mettre sur la voie de la concorde civile et, partant, de la Réconciliation nationale, imprégnés que nous étions de nos valeurs de tolérance et de pardon, ces mêmes valeurs qui avaient catalysé la volonté de notre peuple musulman lorsqu’il a déclenché sa glorieuse guerre de libération en scandant le nom d’Allah Akbar.
Fidèles à leurs aïeuls, les enfants de cette chère patrie ont convenu d’un commun accord de faire front uni et de décider, une nouvelle fois, de l’avenir de leur pays.
Cet élan populaire digne et louable nous a fait sortir de la spirale terroriste dévastatrice et permis d’amorcer l’étape de reconstruction que vous avez vécue, Algériennes et Algériens, ces 17 dernières années.
Vous n’êtes pas sans savoir que ce processus qui a porté ses fruits a grandement profité au peuple algérien et que ses réalisations et acquis ont sous-tendu le bond qui a porté l’Algérie à un rang supérieur, tant au plan économique que socioculturel.
Tout comme le Congrès de la Soummam avait catalysé la Révolution jusqu’à la Victoire et l’Indépendance, nous avons voulu faire de la dernière révision constitutionnelle une assise solide sur laquelle s’établiront désormais les fondements de l’Etat algérien moderne.
Notre intention était, également, de moderniser les modes et règles de gouvernance, de démocratie et de liberté pour les adapter à l’incontournable processus de réformes économiques, susceptible d’ouvrir à l’économie nationale de nouvelles perspectives au mieux des intérêts de notre peuple que nous voulons mettre à l’abri des fluctuations des marchés pétroliers.
Pour ce faire, nous nous devons de construire une économie diversifiée et concurrentielle qui soit capable de s’imposer face aux économies d’autres pays à l’ère de la mondialisation.
Tel est le combat que vous êtes appelés à mener, Algériennes et Algériens, enfants de notre chère patrie, en mobilisant vos énergies et vos compétences, comme l’ont si bien fait vos aînés après le Congrès de la Soummam jusqu’à ce que le drapeau algérien ait été hissé haut, un certain 5 juillet 1962.
La commémoration de la mémoire de nos chouhada et des dates phares de notre glorieuse Histoire, nous interpelle à l’effet de prendre exemple sur nos aînés, nous imprégner de leur bravoure et de leur détermination et doubler d’efforts pour apporter une précieuse contribution à la réalisation de nos objectifs nationaux.
Mon plus grand souhait est que ce double anniversaire du 20 août 1955 et du 20 août 1956, puisse offrir à notre peuple l’opportunité de consolider notre effort commun face aux défis qui se posent aujourd’hui, par une plus grande vigilance pour préserver la sécurité de l’Algérie et un travail sérieux et assidu pour construire son économie. En un mot, être à la hauteur des sacrifices de nos chouhada et moudjahidine et poursuivre leur combat pour l’édification de l’Algérie dont ils ont toujours rêvé: une Algérie digne et fière.
Vive l’Algérie,
Gloire à nos martyrs ».