Nouvel échec pour Benkirane: Le Maroc sans gouvernement depuis trois mois
Étant donné que toute question attend une réponse, qu’Aziz Akhannouch (président du RNI) devait me donner une réponse sous 48 heures (…), et que celui-ci a préféré le faire via un plan de communication établi avec d’autres partis auxquels je n’ai posé aucune question, j’en conclus qu’il n’est pas en mesure de me répondre et qu’il n’y a pas lieu de poursuivre les négociations avec lui, a déclaré M. Benkirane.
Il en est de même avec Mohand Laenser du Mouvement populaire, a-t-il ajouté dans son bref communiqué.
Un peu plus tôt dans la journée, ces deux partis s’étaient dits disposés à poursuivre les consultations, mais à la condition qu’ils soient associés à deux autres formations, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et l’Union Constitutionnelle (UC), afin de parvenir à la formation d’une majorité gouvernementale harmonieuse et solide. Or le Premier ministre ne veut pas de l’USFP et de l’UC dans sa future majorité.
Après la victoire des islamistes du Parti justice et développement aux législatives du 7 octobre, M. Benkirane (secrétaire général du PJD) avait été reconduit par le roi Mohammed VI à la tête du gouvernement de coalition qu’il dirige depuis cinq ans.
Les négociations ont néanmoins buté pendant près de trois mois autour de la participation du parti de l’Istiqlal (le parti historique de l’indépendance), allié de M. Benkirane, à la future majorité. Plusieurs formations, dont le RNI et son influent président, le milliardaire Aziz Akhannouch, s’opposaient à cette participation. Au fil des semaines, les discussions ont pris des allures de face à face politique entre MM. Benkirane et Akhannouch.
Un déblocage s’est fait sentir fin décembre après des déclarations polémiques du chef de l’Istiqlal, qui ont eu pour conséquence sa mise à l’écart de fait de la future majorité.
Le chef du gouvernement a fait tous les efforts nécessaires depuis le début pour négocier. (…) Le RNI et le MP ont donné cette semaine leur accord de principe pour former le gouvernement sur la base de la majorité sortante, a commenté à l’AFP un membre du burau politique du PJD, Abdelali Hamiddine.
Ils devaient donner une réponse définitive après deux jours. Aujourd’hui nous avons été surpris par le communiqué des quatre partis. M. Benkirane n’a pas négocié avec l’USFP et l’UC, ce qui veut dire que le RNI et le MP ne respectent pas les règles et les traditions des négociations.
En déclarant l’arrêt des négociations, M. Benkirane veut dire +stop+ et en finir avec ce surréalisme, selon M. Hamiddine.
Un conseil des ministres de l’équipe gouvernementale sortante, présidé par le roi, est prévu lundi à Marrakech et devrait être déterminant dans la suite de la crise.