Ouyahia et Sellal affectés moralement et Haddad conteste son audition à distance
DIA-11 octobre 2020: Les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont paru très fatigués et affectés sur le plan moral, ce dimanche lors du procès en appel de l’homme d’affaires Ali Haddad.
Il s’agit du procès de plusieurs responsables accusés d’octroi d’indus privilèges, d’abus de fonction et de conflit d’intérêts qui se déroule à la Cour d’Alger par visioconférence.
Ahmed Ouyahia, condamné dans cette affaire pour octroi d’indus privilèges, abus de fonction et conflit d’intérêts, ainsi que de dilapidation de deniers publics, a été auditionné à distance puisqu’il se trouve en détention à la prison d’Abadla à Bechar. Il est paru très affecté sur le plan moral dans la mesure où il se sent seul après la mort de son frère et avocat.
Toutefois, il demeure un bon orateur et adopte un discours persuasif grâce aux données et arguments qu’il fournit dans son plaidoyer.
A l’inverse, Sellal semble se résigner à son sort et a du mal à parler ou ç se défendre. Il n’arrive toujours pas à admettre son nouveau statut. Sellal a perdu du poids et a paru cadavérique. Quant à Ali Haddad, qui est en détention à la prison de Tazoult à Batna, il a contesté le fait d’être auditionné à distance par visioconférence. Ali Haddad a paru confiant et espère toujours sortir de prison.
Pour ce qui est du procès, Ouyahia a nié en bloc toutes les charges retenues contre lui.
Auditionné par visioconférence, Ouyahi a expliqué, au sujet de « l’octroi d’indus privilèges » que le choix des entreprises dans le cadre des marchés publics « relève de la responsabilité du maître d’ouvrage », ajoutant que les marchés publics de gré à gré sont approuvés à l’unanimité par le Conseil du gouvernement conformément à la loi en vigueur.
Toutefois, en cas d’objection ou de réserve d’un membre du gouvernement, la décision relative au marché en question serait reportée ou définitivement annulée, a précisé l’ancien Premier ministre qui a été condamné par le Tribunal de première instance (Sidi M’hamed) à une peine de 12 ans de prison ferme assortie d’une amende de 1 million de DA.
Selon les déclarations de l’ancien Premier ministre, certains projets ont été accordés sans passer par le Conseil du gouvernement, car ils revêtent « un caractère d’urgence » à l’image du marché de la wilaya d’Alger pour la préparation du sommet arabe (2005), ajoutant qu’il a été poursuivi pour octroi d’indus avantages dans certains marchés alors qu’il n’était pas à l’époque à la tête du gouvernement, à l’image du projet de raccordement du port de Djendjen à l’autoroute en 2013.
Concernant sa condamnation pour abus de fonction et octroi d’indus avantages, l’accusé a indiqué qu’il est intervenu lors de la réouverture de la cimenterie de Djelfa en faveur d’une société chinoise et non pas pour la société du principal accusé, Ali Haddad.
A une question sur les sociétés appartenant à ses enfants, Ahmed Ouyahia a déclaré qu’il s’agit de sociétés créées dans le cadre du dispositif de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ) en faveur desquelles il a présenté personnellement des rapports à l’ancien président de la République.
Le procès en appel se poursuivra, demain lundi, avec l’audition des autres coaccusés dans cette affaire, dans laquelle sont poursuivis, outre le principal accusé Ali Haddad, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et d’autres anciens ministres à savoir Amar Ghoul, Amara Benyounes, Boudjemaa Talai, Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda, Abdelkader Kadi et Abdelghani Zaalane, pour les chefs d’accusation de « dilapidation de deniers publics, octroi d’indus avantages et abus de fonction.
Actuellement en détention à l’établissement pénitentiaire de Tazoult (Batna), l’ancien chef du FCE Ali Haddad avait été condamné, en première instance, à une peine de 18 ans de prison ferme assortie d’une amende de 8 millions de DA, avec confiscation de tous ces biens. Il est poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, dont obtention de privilèges immobiliers et bancaires et de marchés publics en violation de la législation en vigueur.
Amir Hani