Les patrons de Monetix et Doroo misent sur le marché juteux du m-paiement
DIA-19 février 2017: Après le boom du marché du mobile, c’est autour de la monétique. Depuis une année l’Algérie est entrée dans la course du e-paiement et bientôt le m-paiement sera officiellement lancé. Il y a quelques semaines le ministre délégué chargé de l’Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers Mouatassim Boudiaf, avait annoncé que le paiement par téléphone mobile sera lancé à partir de 2018, ajoutant qu’un groupe de travail sera mis en place à l’effet d’engager une réflexion sur les modalités de sa mise en œuvre. Seulement voilà, certains opérateurs (privés notamment) n’ont pas attendu cette échéance et ont lancé leurs opérations d’acquisition de la technologie du E and M-Paiement ; parmi eux, il y a les deux frères Kouninef.
Rédha Kouninef d’Oria à Chifa
Il y a d’abord Rédha Kouninef, le maître du BTP, qui avait commencé dans les années 2000 avec les cabines téléphoniques Oria, avant d’être effacé par le marché de la démocratisation de la téléphonie mobile. Cette fois il a décidé de sauter une étape, en décrochant avec son partenaire russe BPC, des marchés publics pour déployer le paiement électronique estimé à 1,3 milliard de dinars. Redha Kouninef avait aussi décroché le marché de la carte Chifa, en s’associant avec le groupe franco-néerlandais Gemalto, à travers sa société Tesiame.
Noah Kouninef, le prince de la monétique
C’est au tour de son jeune frère Noah-Tarek Kouninef, seulement 42 ans, de s’attaquer au marché algérien de la monétique. Il a notamment décroché le marché d’Algérie Poste (18 millions de clients) avec sa solution d’e-paiement et d’e-commerce, BaridiNet. Et pourtant il n’a pas assisté à la cérémonie de lancement, début décembre, aux côtés du directeur général d’Algérie Poste, Nacer Sayah, de la ministre des télécoms, Houda-Imane Feraoun et de son collègue chargé de l’économie numérique, Mouatassem Boudiaf, ainsi que de l’ambassadeur de Russie, Alexandre Zolotov. La firme russe BPC Banking Technologies, avait décroché ce contrat dès avril 2016, pour 137 millions de dinars. BPC qui fournit la plateforme technologique Smartvista au cœur de BaridiNet, est alliée à Monetix, dont l’actionnaire et président du conseil d’administration est Noah-Tarek Kouninef.
D’ailleurs, c’est le second grand marché remporté par Noah-Tarek Kouninef en moins d’un an. Monetix a en effet remporté, en avril, l’appel d’offre de mise en place et le développement d’un réseau de paiement électronique émis par la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim, consortium représentant sept banques publiques et Al Bakara Bank), pour 739 millions de dinars. Celui-ci prévoit notamment le déploiement de 22 000 terminaux de paiement électronique, avec l’implication technique d’Al Wataniya Telecom Algérie et de NagraID (filiale suisse du spécialiste des cartes sécurisées Oberthur), tous deux actionnaires minoritaires de Monetix. La Satim a confié, en novembre, à Monetix et BPC, le soin d’assurer la migration de sa solution monétique vers Smartvista par le biais d’un marché de 481 millions de dinars. Ce contrat sera assuré par le groupement Monetix-BPC, structure constituée en décembre dernier et présidée par Noah-Tarek Kouninef.
Allégorie se tourne vers le marché de la monétique
Mais Kouninef n’est pas le seul qui a visé le marché de la Monétique ; un nouveau tandem a fait surface sur ce créneau : le duo de choc Toufik Lerari et Lakhdar Marhoun Rougab, partons d’Allégorie, qui après avoir dominé le marché de la publicité et de l’audiovisuel, se lancent dans l’aventure de la monétique avec leur nouvelle entreprise Doroo, une société dédiée au développement de solutions pour le paiement par mobile, ou m-payement. Doroo compte également des associés puissants à l’instar de Salaheddine Abdessemed, patron du laboratoire vétérinaire Ceva et vice-président du Forum des chefs d’entreprise (FCE). En attendant le lancement du M-paiement en 2018, Doroo se place dès maintenant, avec son fidèle partenaire, l’opérateur Djezzy ; misant sur l’expérience réussie du Kenya avec « le service M.PESA de Safricom » qui permet à 80% de la population kenyane de payer par ce moyen. Avec plus 17 millions d’abonnés Djezzy se présente déjà comme le leader de cette nouvelle forme de paiement. C’est pour cette raison qu’il a invité à une importante conférence à Alger, Nathan Naidoo, le directeur des politiques publiques de GSM-Association, organisation qui regroupe la majorité des opérateurs de téléphonie mobile à travers le monde. Celui-ci avait précisé que l’Algérie peut intégrer « les autoroutes financières » internationales grâce au M-paiement. Si le M-Paiement marche dans 82 pays, avec un portefeuille de 2 milliards d’utilisateurs, pourquoi pas en Algérie ?», a-t-il notamment déclaré. En tout cas, ce « texto » est bien arrivé aux opérateurs privés, Kouninef-Rouguab et Lerari, qui ont choisi chacun de son coté d’investir avec un opérateur privé. Reste à savoir avec qui Mobilis va s’associer pour lancer le M-paiement ?
Salim Bey