Le penseur Malek Chebel accompagné à sa dernière demeure à Skikda
DIA-16 novembre 2016: La dépouille du penseur Malek Chebel, décédé dans la nuit de vendredi à samedi à Paris, à l’âge de 63 ans, a été exposée mercredi au Palais de la culture du centre-ville de Skikda où une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage, a-t-on constaté.
Profondément émus, de nombreux citoyens, des amis, des membres de la famille du défunt et des personnalités sont présents au Palais de la culture du centre-ville de Skikda pour lui rendre un ultime hommage.
Une foule nombreuse d’intellectuels, de proches, de responsables locaux et de personnalités dont le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi et le consul de France à Annaba a accompagné mercredi le penseur algérien Malek Chebel à sa dernière demeure au cimetière Menzel El Moudjahid, à 15 km de la ville de Skikda.
Auparavant, le corps du défunt a été exposé au palais de la Culture et des Arts de la ville où des amis et proches du penseur, ainsi que des anonymes ont rendu un dernier hommage au défunt, mort dans la nuit de vendredi à samedi à Paris (France) à l’âge de 63 ans.
Dans une oraison funèbre prononcée en présence des deux filles du défunt et de ses proches, Michael Chebel a affirmé que son défunt père, qui a refusé à deux reprises la proposition de nationalité française faite par les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, a toujours porté l’Algérie dans son coeur et était un défenseur de l’islam à travers le monde.
Même si Malek Chebel a vécu à l’étranger, son voeu a été toujours d’être enterré dans son pays, près des siens, a-t-il indiqué, ajoutant que son père avait réussi durant sa vie et est parti tranquille, entouré de ses proches après une maladie qui n’a pas trop duré.
« L’Algérie peut être fière d’avoir enfanté pareil fils », a-t-il dit. Le ministre de la Culture a, de son côté, déclaré qu’il était présent aux funérailles pour dire adieu à une « grande figure de la culture » qui, a-t-il souligné, a réussi à représenter l’Algérie et à défendre l’identité de son peuple, sa religion et ses valeurs.
Le défunt fut un homme pondéré et porteur d’une immense culture et savoir, a ajouté le ministre, soulignant que tous ceux qui portent le prénom de Malek quittent ce bas monde « sans crier gare », à l’instar de Malek Bennabi, Malek Haddad et Malek Boudhiba…
« C’était un frère, un ami et à un penseur ayant la stature des Grands à qui nous disons aujourd’hui adieu », a ajouté Mihoubi, soulignant que Chebel fut une lumière ayant à son actif plus de 40 ouvrages et combattu les idées reçues et les faux clichés véhiculés sur l’Islam.
Chebel est apparu à une étape où la société musulmane avait besoin de ceux qui défendent l’Islam et fut un véritable militant qui s’était dressé, pendant plus de 30 ans, contre les courants prêcheurs de phobie, a souligné le ministre.
Pour Ahmed Louchi, vieil ami du défunt, Malek a toujours été un lecteur passionné. Un jour, se rappelle-t-il, Chebel a trouvé dans son bureau un ouvrage de sociologie appartenant à un tiers et, ne pouvant se le faire prêter, il était alors resté au bureau de 13h00 à 19h00 pour en finir la lecture.
Malek était simple et aimait toujours passer ses vacances à Skikda où il fut le premier à introduire le sport de la planche à voile, témoigne sa cousine, Hayat. A chacune de ses visites à Skikda, il arpentait avec ses vieux amis les ruelles et marchés de la cité, a souligné Abdelkader Nettor, enseignant universitaire et ami du défunt.
Pour Amine Guettouche, ami de classe de Chebel au lycée Larbi Tebessi, le lycéen que fut Malek aimait la peinture et la musique et ne sortait presque pas de la bibliothèque du lycée.
Malek Chebel est mort dans la nuit de vendredi à samedi dans un hôpital parisien. Sa dépouille a été rapatriée mardi (vers 20h00) à l’aéroport de Constantine.
La prière du mort a été accomplie à la mosquée de la cité Merdj Dhib au centre-ville de Skikda.
Né en avril 1953 à Skikda, Malek étudia à Skikda puis à l’université de Constantine où il exerça comme maître assistant avant de se rendre en France pour poursuivre ses études.
En 1980, il obtint un doctorat en psychologue de l’université de Paris et, deux ans plus tard, il décrocha son deuxième doctorat en anthropologie et science des religions.
En 1984, il soutint sa troisième thèse de doctorat en sciences politiques à l’Institut des études politiques de Paris et y travailla au département des études arabes et islamiques.
Malek Chebel est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Dictionnaire des symboles musulmans » (1995), « L’esclavage en terres d’islam » (2007). Il traduisit également traduit le saint Coran vers le français.