Le pétrole remonte, entre contrôle de la production et trêve commerciale
DIA-04 décembre 2018: Les prix du pétrole ont nettement rebondi lundi à la faveur d’une trêve commerciale entre Washington et Pékin et de la perspective de réductions ciblées de la production, au sein de l’Opep ou au Canada.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a gagné 2,23 dollars ou 3,8% pour finir à 61,69 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de WTI pour le contrat de janvier a gagné 2,02 dollars ou 4% pour clôturer à 52,95 dollars.
Les deux barils de référence sur le marché regagnent ainsi un peu de terrain après avoir perdu plus de 22% en novembre, leur pire baisse mensuelle depuis 2008.
Plombés par la perspective d’une demande amoindrie par les tensions commerciales alors que l’offre mondiale est très abondante, ils avaient sombré jeudi à leur plus bas niveau depuis plus d’un an, à 57,50 dollars pour le Brent et à 49,41 dollars pour le WTI.
Mais ils ont repris de la vigueur quand Donald Trump et Xi Jinping sont convenus d’une trêve dans leur conflit commercial, en conclusion d’un sommet du G20 conflictuel à Buenos Aires.
Deux premiers consommateurs
« C’est une bonne nouvelle parce qu’une escalade aurait pesé sur la demande de pétrole des deux premiers consommateurs mondiaux », ont souligné les analystes de Commerzbank.
A l’approche d’une importante réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires à Vienne jeudi et vendredi, le prince saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine se sont de leur côté déjà mis d’accord pour « prolonger » leur accord sur une baisse de la production de pétrole.
Même si les deux dirigeants, qui se sont entretenus en marge du G20, n’ont pas indiqué « directement le nombre de barils qui pourraient être retirés du marché, cela apporte un cadre pour la conclusion d’un accord à Vienne », a relevé Robbie Fraser, spécialiste du marché du pétrole chez Schneider Electric.
« Ce qui compte c’est que les réserves mondiales ne vont pas grimper à nouveau », a abondé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
L’Opep et ses partenaires s’étaient contraints fin 2016 à limiter leur production, un effort qui avait conduit à une hausse marquée des cours. Mais le groupe de producteurs a assoupli ses règles en juin, participant ainsi à l’effondrement des cours depuis début octobre.
L’annonce par le Qatar de son départ du cartel en janvier n’a pas bouleversé outre mesure les acteurs du marché.
Le petit émirat ne produit que 610.000 barils de pétrole par jour et ne contribue à la réduction de la production décidée par l’Opep qu’à hauteur de 38.000 barils, ont souligné les analystes de Commerzbank.
Contrôle canadien
Dernier élément à retenir l’attention du marché lundi, la Première ministre d’Alberta, Rachel Notley, a annoncé une réduction de 325.000 barils par jour de la production de la province canadienne.
Entre engorgement des oléoducs nord-américains et surabondance de l’offre, quelque 35 millions de barils attendent actuellement en Alberta d’être exportés, a fait valoir le gouvernement albertain dans un communiqué.
« Le fait que l’Alberta ait pris une telle mesure rend la tâche plus aisée pour l’Opep », ont estimé les analystes de Goldman Sachs.
Le principal obstacle au redressement des cours du pétrole reste maintenant selon eux « l’obsession du président Trump pour que le pétrole reste à un bas prix ».
Mais celle-ci pourrait s’atténuer avec « les récents développements économiques aux Etats-Unis », ont-ils ajouté en mettant notamment en avant la possible baisse des dépenses d’exploration des compagnies pétrolières aux Etats-Unis si le prix du baril descend trop bas.