Un physicien franco-algérien conteste son assignation à résidence en France
Le juge du Conseil d’Etat, qui a examiné l’affaire en urgence, rendra sa décision en début de semaine prochaine.
« Je n’ai pas choisi de revenir en France, je suis ici contre mon gré et cette assignation à résidence m’empêche de travailler », a plaidé Adlène Hicheur. « On n’a pas demandé à vous avoir. Tout le monde est contre son gré dans cette affaire », lui a répondu Pascale Léglise, responsable juridique au ministère de l’Intérieur.
Docteur en physique des particules, Adlène Hicheur avait été condamné en 2012 à Paris à cinq ans de prison, dont quatre ferme, pour avoir participé en 2008 et 2009 à une association de malfaiteurs à visée terroriste.
Il lui était reproché d’avoir échangé 35 messages électroniques avec Mustapha Debchi, considéré comme un responsable d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans lesquels étaient évoqués des projets d’attentats en France.
« C’est un dossier particulièrement lourd », a insisté Pascale Léglise, rappelant que Adlène Hicheur s’était alors engagé à « organiser une opération martyr sur un objectif vital » et évoqué notamment « l’assassinat de personnalités ».
A l’époque des faits, l’homme, né en 1976 à Sétif (Algérie), exerçait en tant que chercheur au Conseil européen pour la recherche nucléaire (Cern) et enseignait à l’Ecole polytechnique de Lausanne (Suisse).
« Après sa condamnation, plus personne ne voulait de lui », a dit à l’AFP son avocat Patrick Baudouin, dénonçant « un procès limite » reposant sur « des intentions présumées et non sur des actes ».
Fin juin 2013, Adlène Hicheur décroche cependant un visa scientifique pour le Brésil, où il intègre le Centre brésilien de recherche en physique (CBPF) avant d’enseigner à l’ université fédérale de Rio de Janeiro.
Après les attentats de janvier 2015 à Paris, son nom est cité dans la presse brésilienne. « Mais cette campagne de déstabilisation a fait un flop car il était soutenu par la communauté universitaire », a dit Patrick Baudouin.
Le 15 juillet cependant, l’homme est expulsé vers la France sur décision du ministre de la Justice brésilienne qui juge « absurde » que le pays accueille un condamné pour terrorisme. Arrivé à Orly, on lui signifie son assignation à résidence chez ses parents à Vienne, près de Lyon, avec l’obligation de se présenter trois fois par jour au commissariat.
« On refuse à mon client le droit à l’oubli alors qu’il n’a pas manifesté pendant quatre ans le moindre signe de dangerosité », s’est indigné Patrick Baudouin.
AFP