Pour sauver Gallimard et sanctionner le SILA, le jury du Goncourt attribue le prix à Kamel Daoud - DIA
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Pour sauver Gallimard et sanctionner le SILA, le jury du Goncourt attribue le prix à Kamel Daoud

DIA-04 novembre 2024: Il est 12 h 45, Philippe Claudel du Goncourt, est apparu en haut de l’escalier conduisant du rez-de-chaussée au salon Goncourt situé au premier étage pour prendre la parole. « Le 122e prix Goncourt a été accordé, au premier tour, à Kamel Daoud pour Houris chez Gallimard. »

Dans sa déclaration, le jury l’a reconnu, il a d’abord fait un acte de courage politique, pour dit-il sanctionner l’Algérie qui avait décidé d’interdire le Salon international du livre d’Alger aux éditions Gallimard en raison du roman de l’auteur. Dans Houris, Aube, une survivante de la décennie noire (1991-2002) en Algérie, enceinte et mutilée, raconte à la petite fille qu’elle attend, le tragique récit de ces années de sang.  En lui décernant le Goncourt, le jury a affirmé de la même façon, et sans faille, la liberté totale de l’écrivain. Un écrivain qui a l’habitude de déranger.

Chroniqueur et journaliste, Kamel Daoud est né en 1970 à Mostaganem, en Algérie. Personnage « balzacien », selon ses mots, il est à 20 ans dans les années 1990, un villageois qui finit ses études et arrive en ville. Très tôt, il décide de se lancer dans le journalisme, intègre le Quotidien d’Oran et enquête sur les massacres commis dans son pays. En 2000, il commence à publier et à se faire remarquer en tant qu’auteur. Relevons: Minotaure 504 (2011), sélectionné pour le prix Goncourt de la nouvelle et notamment son roman Meursault, contre-enquête (Gallimard, 2014). Cette publication lui valut d’être visé par une fatwa alors qu’il était finaliste du Goncourt – il rata de peu le prix et remporta finalement le Goncourt du premier roman.

Gallimard sauve sa rentrée littéraire

Enfin, et ce n’est pas rien, en sacrant Daoud, le Goncourt a sacré Gallimard. Et on peut le dire, la maison a eu chaud. D’abord, parce que contrairement aux années précédentes où elle avait pu se consoler avec le Grand prix de l’Académie française (Giuliano da Empoli en 2022 et Dominique Barbéris en 2023), elle n’avait jusque-là obtenu aucun prix de la rentrée littéraire. Ensuite, parce que durant deux années consécutives, elle a été battue en finale : en 2022, Giuliano da Empoli s’inclinait devant Brigitte Giraud (Vivre vite, Flammarion), et en 2023, c’était au tour d’Éric Reinhardt de s’avouer vaincu face à Jean-Baptiste Andrea (Veiller sur elle, L’Iconoclaste).

Amir Hani 

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