Présent au Maroc, en Tunisie et en Egypte, Orange lorgne sur l’Algérie
DIA-26 novembre 2016: A partir du mois de décembre prochain, l’opérateur marocain Méditel va disparaître pour laisser place à l’opérateur français Orange. Prévu depuis de longs mois, le « rebranding » devrait être annoncé lors d’un voyage qu’effectuera le PDG du groupe Orange, Stéphane Richard, au Maroc les 8 et 9 décembre prochains. Cette transformation était attendue depuis l’entrée du groupe français dans le capital de la compagnie de télécommunications marocaine en 2010, et son renforcement en juillet 2015 avec l’acquisition de 9% supplémentaire. Avec cette nouvelle acquisition, l’opérateur français est présent dans trois pays d’Afrique du Nord : Après la Tunisie en 2010, l’Egypte en 2016, il boucle le marché de la région avec le Maroc en décembre 2016. Orange l’entreprise française de télécommunications, comptait fin 2015 près de 262,9 millions de clients dans le monde, des chiffres en hausse par rapport à ceux affichés en 2014. En 2013, l’entreprise est leader ou second opérateur dans 75 % des pays européens où elle est implantée et dans 83 % des pays en Afrique et au Moyen-Orient. Mais dans ce marché, lui manque l’Algérie. Un marché qu’elle a tenté à maintes reprises de pénétrer avec ses participations aux appels d’offres de 2001 puis celui de 2003, mais à chaque fois le gouvernement algérien a fait barrage à cet opérateur de l’ancienne force coloniale, préférant opter pour des opérateurs arabes comme l’égyptien Orascom ou le koweïtien Wataniya. Voyant qu’il peut acheter une licence, l’opérateur français a fait du lobbying pour entrer dans le capital de l’entreprise algérienne de téléphonie mobile « Mobilis ».
Le 19 décembre 2012, lors de la visite du président français François Hollande en Algérie, le PDG du groupe Orange Stéphane Richard rencontre le ministre des PTIC de l’époque Moussa Benhamadi et lui exprime sans diplomatie son ambition d’entrer dans le capital d’ATM. Il a déclaré notamment «L’Algérie manque à notre stratégie de développement en Afrique du Nord, nous sommes prêt à une variante pour entrer dans le capital de Mobilis à 10 ou 15% »
Le ministre très diplomatique lui a répondu à l’époque que cela ne dépendait pas de lui mais de toute une politique d’un gouvernement.
Pour pénétrer le marché algérien, Orange a commencé ses opérations en Algérie en 2013, à travers la création d’une joint-venture avec une start-up algérienne de services informatiques et télécoms. Cette opération a été réalisée à l’occasion de la visite officielle qu’a effectuée Jean-Marc Ayrault à Alger. La présence du groupe Français Orange en Algérie est le fruit d’un partenariat avec l’opérateur national privé Net-Skills, une start-up algérienne de services informatiques et télécoms. Les deux partenaires seront prestataires dans les services internet à travers une société de droit algérien selon la règle de 51/49.
Mais cette dernière tentative n’a rien apporté à l’opérateur français, il tente de faire pression sur le gouvernement algérien en glissant en novembre 2014, un scoop pour le magazine français «L’Express» qui révélait qu’une audience a eu lieu à Alger entre Dominique Espinasse, le directeur du Développement international Afrique, Moyen-Orient et Asie, pour «Orange» et le secrétaire général du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Mohamed Bait. Ce dernier avait consulté ses responsables avant de répondre par courrier que l’État algérien avait refusé d’accueillir Orange dans le capital de Mobilis.
Orange tente de faire du forcing en installant le 7 février 2015 sa boutique en Algérie via sa filiale de distribution et de services Orange Horizons, en partenariat avec la société algérienne Gentech, distributeur officiel de plusieurs marques de téléphones portables (Samsung, ZTE…)
Voyant que le gouvernement algérien est réticent, il accepte alors une opération un peu risquéé pour lui : Offrir une prestation commerciale à Mobilis en partageant l’interconnexion des appels entrants.
Une opération qui est rentable pour l’entreprise algérienne, mais qui a coûté la place à son PDG Saad Damma, qui est accusé alors par la ministre des PTIC Houda Faraoun d’avoir établi une connexion avec l’opérateur Orange, alors qu’il était indésirable par le gouvernement. Mais l’ex PDG de Mobilis se défend d’avoir établi un partenariat avec l’opérateur français et parle plutôt d’une opération commerciale qui rapporte beaucoup de devise à l’entreprise et qui n’a nécessité aucun accord cadre. L’arrêt de l’offre Mobilis-Orange en septembre 2016 a créé un tollé en France chez les abonnés algériens d’Orange.
Entre temps Orange, qui est un opérateur global, étend son emprise sur l’Afrique et décroche des parts dans chaque opérateur africain déficitaire. La saturation du marché européen, a obligé l’opérateur français à recadrer sa stratégie de développement dans la rive Sud. Il possède des opérations en Afrique du Nord, mais également dans l’Afrique Subsaharienne : Mali Niger, Guinée Cote d’Ivoire, Sénégal et même au Congo, au Botswana et à Madagascar. L’Algérie demeure le seul marché qui reste en travers de la gorge de l’opérateur français qui ne perd pas espoir de s’installer en Algérie.
Salim Bey