Projet sidérurgique de Cévital au Brésil: Des différends commerciaux font planer le doute - DIA
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Projet sidérurgique de Cévital au Brésil: Des différends commerciaux font planer le doute

DIA-23 avril 2017: Avec Cevital, Marabá au Brésil se voyait déjà depuis des mois, le plus grand fournisseur de rails pour chemin de fer en Amérique latine. Cette région aurait tout à perdre si le groupe algérien revient sur sa décision d’y implanter un projet sidérurgique estimé à 4.5 milliards de réaux, y compris cette perspective de création de pas moins de 20.000 emplois dans cette région défavorisée de Pará. Les emplois en question seront créés dans la phase de mise en œuvre, en plus de 2.500 emplois pendant la phase d’exploitation et jusqu’à 8000 opportunités d’emplois indirects. D’autres produits dérivés en acier devraient être expédiés au marché européen et africain par les unités du groupe en Italie et en Algérie. Mais le doute plane sur sa concrétisation selon le site Correio do Tocantins. 
Les informations obtenues exclusivement par ce site auprès de sources fiables à Rio de Janeiro, suggèrent que le groupe  Cevital est à un pas de se désister, en raison des différends commerciaux avec la société minière multinationale Vale.
Vale s’était engagée à fournir le soutien nécessaire à Cevital et a même fait don à prix d’aubaine, d’un foncier où elle envisageait ériger son projet, non matérialisé, Aciers Laminés de Pará (Alpa). Selon o Correio, « cela n’a pas été suffisant aux ambitions de Cevital, qui aurait voulu profiter de l’abondance du meilleur minerai de fer dans le monde, et souhaitait produire annuellement 3,5 millions de tonnes (Mt) de bobines d’acier, fonte, « Billettes » et « Bloom ». Le groupe allait faire ainsi, de Marabá le plus grand fournisseur de rails pour chemin de fer en Amérique latine…dès lors, la confusion s’installe.
Tout est bien qui finit bien
Le 4 mars de l’année dernière, on annonçait en grande pompe, la signature par le gouvernement du Pará, Vale et Cevital d’une lettre d’intention de soutenir l’implantation du projet sidérurgique, « seulement une couverture », dira la presse locale.  Ce jour-là, Vale a mis à la disposition de Cevital, en plus de la coopération technique, toutes les études et les projets développés à ce jour là, les permis d’environnement, le transfert de la propriété du foncier d’Alpa et, « la cerise sur le gâteau », ironise la presse brésilienne: l’approvisionnement en minerai de fer et des services logistiques pour donner vie au projet. Bref, Vale a officiellement tout cédé à Cevital sans aucune charge. Et c’est justement cette cerise qui aurait renversé tout le gâteau. Dans les coulisses, les rapports entre Vale et Cevital ne sont pas au beau fixe, et déjà on désire la rupture avant même que l’engagement ne se concrétise.
L’origine du conflit
Dans un premier temps, Cevital parlait d’une production annuelle d’acier de 2,7 Mt, mais les Algériens auraient eu beaucoup d’appétit face à l’abondance  de la mine de Carajás, la plus grande mine de fer à ciel ouvert au monde.
 Pour les 2,7 Mt d’acier de Cevital, la Val  aurait à fournir  4,5 Mt  de minerai de fer par an.  La société minière a promis de « donner » le minerai au coût d’usine. Important de préciser que les mines de fer qui fourniraient Cevital ont le coût le plus faible au monde: les chaînes de montagnes du Nord (Parauapebas) et ceux de l’Est (Curionópolis) produisent une tonne de minerai de fer pour 13,20 usd et à Serra Sul (Canaa dos Carajás), la production devrait atteindre 7,70 usd.
Changement de programme donc, et Cevital voudrait produire 3,5 Mt d’acier au lieu de 2.7 Mt, ainsi 7Mt de minerai seront nécessaires. La mine Serra Leste devrait travailler toute l’année pour répondre aux seules demandes de Cevital, qui achète l’hématite, meilleur produit dans le monde, avec 67% de réduction. Selon O Correio, la tonne lui a été cédée à 13.20 usd, alors que dans d’autres relations d’affaires, Vale la vend à 82,01 usd (prix de la tonne le 28 Mars) et obtient encore un bonus d’au moins 10 dollars dans les contrats futurs.
Dans la pratique, pour répondre aux demandes de Cevital, Vale perdrait environ 200 millions usd. Mais les dés sont jetés, les parties s’étant déjà mises d’accord pour un prix d’usine…et maintenant aucune des sociétés n’a accepté de lâcher  du lest.
DIA-rebarb avec le président brésil

Issad Rebrab présentant le projet au président brésilien Temer au mois de novembre 2016

Vale, Cevital et la guerre des intérêts
 Vale s’est dite prête à donner toute la structure d’Alpa au prix de « Banane ». « Non pas parce qu’elle est une « Boazinha », bonne, mais plutôt en raison de la pression de la société de Marabá et du gouvernement de l’Etat », précise t-on. A cela s’ajoute le fait que l’exploitation minière plaide d’incitatifs fiscaux pour rester la reine de Pará, détenir une part écrasante du PIB de l’État et le monopole sur le marché transocéanique du meilleur minerai de fer au monde, souligne O Correiro.
De son côté, Cevital s’associant au groupe sud-coréen Posco, le troisième plus grand producteur d’acier au monde, il est possible qu’il soit « téléguidé », suggère la presse locale. Le groupe algérien dévoile ses cartes sur la table et demande des faveurs à Marabá  dans l’approvisionnement et la logistique, notamment en réduisant le transport de l’acier via le chemin de fer Carajas (EFC), offert par Vale à 45 dollars de 5, contre le coût normal de 55. 
Par la suite, l’ingénierie de Posco engagé par Cevital a élaboré une conception de base à partir de celle qui avait été produite par Vale en apportant des ajustements. Posco a constaté que pour avoir un bon équilibre, Cevital aurait besoin d’élargir sa gamme de produits et d’augmenter la consommation de minerai, passant à 5,7 Mt, « c’est dans cette augmentation que réside l’impasse entre les deux entreprises », selon le secrétaire d’Etat du développement économique, des mines et de l’énergie, Adnan Demachki, lequel fait des navettes entre  Rio de Janeiro, pour tenter de sensibiliser les patrons de la Vale et Brasilia pour demander de l’aide des ministres pour éviter que tout le projet ne tombe à l’eau.
Mardi dernier, la municipalité de Marabá recevant une délégation de la compagnie minière Vale a soulevé la question de Cevital, John Coral le directeur général de Vale à Pará a affirmé que  « Vale a fait tout son possible pour cette entreprise. Il y a des accords de confidentialité qui ne nous permettent pas de faire des commentaires sur les prix négociés. Cet accord a été limité à un groupe de personnes. Les négociations ont des hauts et des bas, mais ont eu lieu ».
Le nouveau président de la compagnie minière, l’ingénieur de production Fabio Schvartsman qui prendra la relève fin mai,  devrait décider de l’évolution  des négociations. 
 
Yasmine Yahia

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