Quand le diplomate Ford parle à la place de l'ambassadeur Desrocher - DIA
44708
post-template-default,single,single-post,postid-44708,single-format-standard,qode-listing-1.0.1,qode-news-1.0,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_grid_1400,footer_responsive_adv,hide_top_bar_on_mobile_header,qode-content-sidebar-responsive,transparent_content,qode-theme-ver-12.0.1,qode-theme-bridge,bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-4.12.1,vc_responsive

Quand le diplomate Ford parle à la place de l’ambassadeur Desrocher

DIA-14 Août 2019: Robert Ford, l’ancien ambassadeur US en Algérie entre 2006 et 2011, qui est parti avec fracas d’Alger est intervenu dans Acharq Al- Awsat pour s’exprimer sur la situation politique en Algérie commentant même le rôle de l’institution militaire et les actions du Mouvement populaire. L’ex diplomate américain ira même jusqu’à proposer des solutions et présenter les différents scénarios de sorties de crise.

Qui a autorisé un diplomate américain à s’exprimer sur la situation en Algérie alors que le plus habilité à donner son point de vue en tant que diplomate c’est l’actuel ambassadeur américain en Algérie John Desrocher? Mais ce dernier est depuis son arrivée en Algérie plus présent et visible dans les stades de foot et les célébrations nationales que dans l’analyse de la situation politique de l’Algérie. Ce dernier rencontre moins les journalistes et les hommes politiques que Ford à son époque , ce qui avait irrité la Présidence algérienne qui précipita son départ. 

L’intervention de Ford nous rappelle celle d’un autre diplomate en retraite à la rancœur tenace envers l’Algérie ou plutôt envers Bouteflika, le français Bernard Bajolet. Les deux diplomates ont tout de même un point commun : Ils ont été tous les deux ambassadeurs en Algérie, et ont  travaillé dans un pays marqué par le chaos: l’Irak. Ces deux diplomates partagent également la même vision sur le GMO (Grand Moyen Orient)  

Néanmoins la contribution de Robert Ford a le mérite tout de même d’avoir un point de vue américain (non officiel) sur la situation en Algérie. Dans ce genre d’intervention et surtout pour un diplomate de renom comme Ford, une validation de Washington s’impose, avec une concertation avec Desrocher sûrement. Les américains sont les rois du partage d’information et de la communication diplomatique. Pour s’exprimer sur l’Algérie, Ford a dû lire des rapports confidentiels rédigés par Desrocher sur la situation en Algérie. Le diplomate ne pouvait pas accorder une interview à un journal aussi lu qu’Acharq Al- Awsat sans avoir eu toutes les données sur l’Algérie entre les mains. 

Pour le reste, Ford pouvait faire confiance aux médias saoudiens, puisque sa femme Alison Barkley, travaille actuellement en Arabie Saoudite et connait tous les relais médiatiques arabes.  

Dans sa contribution intitulée « Algérie entre le marteau et l’enclume » l’ex ambassadeur US à Alger considère que « l’Algérie est à la croisée des chemins mais on ne sait pas exactement quel chemin elle empruntera entre évolution et révolution violente ». Le diplomate américain qui n’est pas sur le terrain algérien et qui suit les événements à travers les télévisions algériennes comme Ennahar et Echourouk (Al jazeera s’est désintéressée du dossier algérien et se concentre sur la situation au Soudan) écrit que « la commission de dialogue qui tente d’élaborer un plan d’élections acceptable pour le peuple algérien…se situe entre le marteau de l’armée et l’enclume du mouvement de protestation de rue ».

Robert Ford ose même apporter son point de vue sur « l’institution militaire » indiquant qu’elle  n’accepterait aucune condition de la part de la nouvelle commission du dialogue ou du mouvement de protestation Hirak avant le début du dialogue », précisant (Ce qu’on sait déjà) que le chef d’Etat major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah  prône l’organisation des élections présidentielles dans les meilleurs délais sous l’autorité du gouvernement en place.

Robert Ford dit en réalité tout haut ce que tous les diplomates occidentaux à Alger pensent tout bas. Selon lui, « le hirak n’a pas de leader clair et le nombre de manifestants dans les rues tous les vendredis et mardis a diminué. Une autre raison est qu’après six mois, le mouvement de protestation n’a pas réussi à faire chuter le régime. »

A la fin de sa contribution, l’ancien ambassadeur expose son expérience du dialogue en Irak, en soulignant que « la mise en place d’un mécanisme électoral indépendant, fort et neutre à partir de zéro nécessite beaucoup de temps et de négociations ».  Robert Ford conclut son intervention en proposant de reporter l’élection présidentielle afin de mieux réorganiser le pays. Une intervention diplomatique étudiée qui se présente comme un Conseil américain « avisé » aux autorités algériennes. Reste à savoir quelle sera la réponse de la diplomatie algérienne à cette « intervention diplomatique américaine offshore ».

Amir Hani

0Shares