Les raisons cachées de l’arrêt l’émission Ki hna ki nass (VIDEO)
DIA-20 juin 2016: Ce qui devait arriver arriva ! La chaîne KBC, rachetée par le fils du milliardaire Issad Rebrab a reçu la première mesure conservatoire en prévision de sa fermeture éventuelle. La gendarmerie nationale a procédé avant-hier soir, alors que le studio était vide, à la mise sous scellé du studio situé à Bab Ali.
Selon certaines sources, le studio était déjà interdit à l’époque de la chaîne Atlas. Mais selon d’autres indiscrétions, le studio n’avait pas l’autorisation « requise » pour l’émission qui était déjà lancée par la société Nass Prod, dirigé par Mehdi Benaissa pour le compte de Malik Rebrab. La demande de studio était notifiée pour une vingtaine de personnes, alors que lors de l’émission il y a avait plus de 70 personnes entre invités et techniciens.
Au-delà de cette mesure conservatoire, cette mise sous scellé est surtout un grand coup politique porté contre la télévision de Rebrab et qui visait plus précisément l’émission phare de KBC « Ki hna ki nass », lancée en grande pompe durant ce mois sacré. Même-ci l’affaire était encore en justice, Ness Prod a joué avec le feu en programmant une émission qui servait de tribune à l’opposition. Réalisé par un duo de techniciens syriens Kurdi Eez et Hani Korde (Dont le visa à expiré) et animé par l’excellent Mustapha Kessaci, l’émission a commencé en trombe en invitant pour ses premiers numéros les principaux acteurs de l’opposition : Karim Tabou, Sofiane Djillali, Fethi Gherras (MDS), Abderzak Makri (MSP) et l’ancien premier ministre Benbitour. Le ton libre de l’émission ne laisse aucun doute sur les intentions de ses auteurs. Dans la dernière émission diffusée, Karim Tabou a décrit avec des mots justes mais parfois hautement fort que l’Algérie est une grande salle d’attente. Sur le plateau de la même émission un chanteur vivant en France a même traité le président de la République de «légume», sans que l’animateur n’intervienne. Seul Benhamou le président du parti El Karama, proche du pouvoir intervient pour tenter de dénoncer cette dérive verbale. Pour de nombreux observateurs c’est cet épisode qui a conduit à stopper l’émission et à fermer le studio.
Conçue comme l’émission le grand journal de Canal +, l’émission commençait à plaire. Elle s’est construite un public et surtout s’est faite des admirateurs et des fans.
La force de l’émission
Sa force? son staff: à commencer par animateur Mustapha Kessaci, télégénique, éloquent et maîtrisant le verbe dans les trois langues. Sa grande faiblesse demeure son côté explicitement partisan. Un engagement politique qui lui coûta cher, puisqu’il a contribué quelque part à la fermeture de sa deuxième émission politique après celle de Week-End sur El djazairia Tv. Il demeure un professionnel de l’écran, chez qui on a souvent ignoré les compétences.
Dans son équipe, il y a le Jean Michel Apathie algérien de l’émission, le chroniqueur politique Hmida Ayachi, devenu célèbre pour sa double question au candidat Bouteflika sur le prix de la patate lors des débats télévisés des présidentielles de 1999 et de 2004. Hmida s’est totalement relooké pour cette émission, il a tronqué son shech bleu contre une tenue plus bling bling avec un papillon comme amande sur le kalbelouz. Il a adouci son discours et su rester l’intervieweur le plus percutant de l’émission.
La grande leçon de l’Ismas et du théâtre algérien
L’autre grande satisfaction de l’émission, c’est le duo Idir Benaibouche- Fodil Assoul (Grande découverte de ce programme) qui ont parfaitement réussi le remake du duo comique De Caunes-Garcia. Le duo nous a étonné par sa prestation des nouveaux démocrates tunisiens, des journalistes femmes venus du Yémen ou encore la caricature de Bachir Derrais et de son comédien en présence du réalisateur lui-même. Idir et Fodil ont démontré avec leur prestation leur force dans la composition et dans le jeu.
Quand Salima Abada, la comédienne et chanteuse qui avait le rôle de chroniqueuse culturel et sociale, est resté discrète et n’a pas montré ses griffes, voulant rester à distance dans cet espace dominé par les hommes.
L’équipe de théâtre et de chant Nacer Soudani, Nacer Mohamed Amine, Zahira Bouchelile Bachir Boudjemaa, qui ont fourni un travail remarquable notamment lors de l’émission du 15 juin avec une pièce sur le terrorisme qui a fait pleurer toute l’assistance, sont l’une des forces d’attraction de cette émission.
Le maillon faible de l’émission
Abdou Semar, polémiste toujours brouillon, a rempli sa mission de trouble-fête. Dès sa première émission, il s’illustra par un clash ridicule avec le président du MSP Makri. Sans maturité politique, ou déontologie journalistique, il préfère poser des questions sur la vie et les errements de ses invités. Cette méthode a échoué notamment face à Nouredine Ait Hamouda (où il s’est fait rabroué) et a gaffé en donnant l’exemple du Maroc en matière de professionnalisme de l’armée devant le général à la retraite Abderrazak Maïza, connu pour son patriotisme.
«Libérez la liberté, la liberté fera le reste» est le credo de l’émission initié par Mustapha Kessaci, dans environnement politique très sensible marqué par un bras de fer entre le milliardaire Issad Rebrab et le pouvoir. KBC a est moitié fermé, son directeur a été convoqué à plusieurs reprises par la gendarmerie, ses studios scellés, il leur reste encore trois numéros de l’émission qui seront diffusés dans la foulée, mais aussi une autre fenêtre d’expression, « Nass Stah », le résidu de Jornane El Gosto, qui demeure le sommet de la liberté d’expression dans le naissant paysage audiovisuel privé algérien
Salim AGGAR