Saïd Sadi : entre l’imposture et la trahison
DIA-15 avril 2018: En ces temps de manœuvres et d’agitations politiques, il est de notre devoir de se déterminer afin d’éclairer la lanterne des citoyens longtemps bernés par une imposture qui a réduit le combat démocratique à de basses combines. Nous avons été les témoins de notre époque, de ce combat et de cet idéal, croyant en un homme providentiel destiné à changer le statut de notre chère Algérie, hélas nous avons contribué chacun à sa façon à ce que Saïd Sadi change son statut social. En nous cotonnant dans une opposition aveugle, éternelle et stérile, il ne faisait, en réalité, que protéger son fonds de commerce, qui a fait de lui l’homme le plus riche de l’opposition algérienne comme disait un de ses ex-intimes. En témoignant de mon parcours avec Saïd Sadi, je ne nourri ni haine ni regret envers cet homme que nous avons tous porté haut par devoir de militant et par loyauté envers tous ceux qui avaient cru en lui, nous avons servi un parti né des tripes d’un combat identitaire porteur des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme. Le RCD était avant tout le résultat d’une lutte dans la clandestinité qui a valu pour la plupart d’entre nous les affres de la répression. Le présent témoignage pour éclairer la génération actuelle de militants sincères est avant tout un combat. Un autre combat contre l’imposture et la trahison.
Après mes nombreuses contributions traitant aussi bien de l’actualité politique que du rôle joué par Saïd Sadi dans l’effondrement de la mouvance démocratique, ce dernier se débine et refile le débat à un nouveau sous-traitant pour tenter de sortir de l’impasse dans laquelle il s’est lui-même fourvoyé. En effet, dans un article ouvertement diffamatoire, mais non assumé, de l’homme politique qui s’est révélé être le fossoyeur du projet démocratique paru sur un site inconnu, Saïd Sadi a commis contre moi un dérapage délirant dont je doute fort qu’il mesure toutes les conséquences. Pour ma part, tout ce qui a été dit dans ce torchon pathétique sera comptabilisé sur le SS. Le présent témoignage constituera ma réplique à visage découvert, assumée publiquement, en réponse aux attaques et invectives de Said Sadi qui lui, manquant de courage politique, agit par des faux profils connus et reconnus de tous.
Mon statut de cadre responsable faisant partie de la direction nationale du RCD que présidait Saïd Sadi et mon poste sensible de secrétaire national responsable de l’organique m’avaient permis de rester dans sa proximité et pouvoir connaitre son vrai visage. Tel Janus, le coté obscur a toujours été la réplique de sa vraie personnalité contrairement à l’autre coté destiné juste à la consommation politique.
Fidèle à une devise portée par le RCD dans les années 1990, engageant le militant à répondre «à chaque mensonge par deux vérités», j’ai fait serment de répondre à chaque diffamation par deux articles. Ainsi, et pour permettre aux lecteurs de suivre ce feuilleton, ma réponse abordera, à chaque fois, une des faces cachées de ce sinistre individu qui ressemble à s’y méprendre aux personnages des grands romans classiques du XIXe. N’est-il pas la parfaite illustration de Georges Duroy (Bel ami de Maupassant) ? L’homme ambitieux et séducteur sans scrupule, arriviste et opportuniste, crevant de faim et désargenté, débarquant de sa Provence à Paris avec l’irrésistible obsession de percer et un désir de réussite sociale qui crève les yeux. Et qui, grâce à ses maîtresses et à ses entrées dans le monde des affaires, de la presse et de la politique, parvint à se faire une place dans la société mondaine parisienne. Remplacez Paris par Alger, Georges par Saïd Sadi, le portrait se précise. Dans le même registre littéraire, le dramaturge Mohia avait prédit sa fin tragique, dans sa célèbre pièce «Muh Terri».
Revenons à la politique. L’arrivée de Bouteflika au pouvoir était annonciatrice d’une nouvelle ère politique pour l’homme qui a tant servi le régime, mais dont le passage à la caisse tardait à venir. Dès la proclamation des résultats de la présidentielle de 1999, Saïd Sadi, dont le seul et unique objectif était de prendre la tête de la diplomatie algérienne, multipliait les déclarations, tant en interne qu’en externe, afin de préparer l’opinion à une participation dans la coalition gouvernementale issue de la «dernière fraude du siècle» ! L’obsession était chez lui telle que le RCD n’avait proposé que deux ministres au lieu des trois portefeuilles qui étaient accordés au parti. Il s’est réservé celui des affaires étrangères qu’il a tant attendu jusqu’à la nomination d’Abdelaziz Belkhadem à ce poste. Ce jour-là, il pleura toutes les larmes de son corps. Désarçonné et furieux, il décidera, unilatéralement comme à l’accoutumé, du retrait du parti du gouvernement. Le coup est donné, et il ne restait qu’à entériner la décision par un habillage démocratique. A cet effet, nous avons entamé une campagne de sensibilisation en direction des membres du Conseil national, et quelques mois plus tard, le président du RCD saisit l’occasion du Printemps noir pour prendre sa revanche en se retirant du gouvernement, abandonnant ainsi, de façon vile et lâche, son partenaire politique seul face à la rue (ses propos). Cet acte suffit à lui seul pour connaitre l’égotisme de ce personnage prêt à sacrifier toute une région par esprit de revanche. Sa rancune envers la Kabylie qui ne l’a jamais élu est une phobie que peu de gens décèlent en lui.
Avec le recul, on est en droit de se poser la question de ce qu’aurait été l’Algérie et sa politique internationale si, par malheur ou par un accident de l’histoire, il avait pris les règnes de la diplomatie ?
Si l’Algérie fait de la question du Sahara Occidental une question de principe de sa politique extérieure, la proximité de Saïd Sadi avec le «Makhzen» a fait que le Front Polisario a toujours été exclu de la liste d’invités aux différents congrès du RCD. Pourtant, quand il a voulu accuser Tarik Mira (le fils du valeureux martyr Abderrahmane Mira, un des chefs de la wilaya III historique) d’intelligence avec la France, il avait déclaré devant les membres du Conseil national que lors de ses périples à l’étranger, il ne s’exprimait jamais sur les questions internationales avant de consulter la chancellerie algérienne afin de s’aligner sur les positions officielles du pays. Le RCD est le seul parti qui publiait sur son site l’intégralité des discours du roi Mohammed VI à l’occasion de la commémoration de la «marche verte». Des discours que Saïd Sadi jugeait curieusement «progressistes».
Aujourd’hui, je vais vous relater quelques-unes des innombrables forfaitures auxquelles s’est adonné ce scieur de la démocratie en Algérie.
En 2009, le parti m’a délégué pour représenter le RCD à une rencontre organisée à Marrakech et ayant pour thème : «La construction nord-africaine». Y ont pris part plusieurs partis politiques des quatre pays nord-africains : Maroc, Algérie, Tunisie et Mauritanie. Ce fut ma toute première expérience internationale dans le cadre du parti. Je me suis donc, attelé à préparer mon intervention dès la réception de l’invitation. Un avant-projet d’allocution que tous mes camarades de la direction, y compris le président, avaient trouvé parfait. Le jour de la manifestation, j’étais étonné de voir tous les participants, et surtout ceux du pays organisateur, venir tour à tour tirer à boulets rouges sur l’armée algérienne, sans aucune relation avec le thème de la conférence. Et quand mon tour arriva pour prendre la parole, j’ai montré à l’assistance le speech que j’avais préparé pour la circonstance, en leur disant : «Désolé, mes chers amis, mais après avoir écouté mes prédécesseurs faire de l’armée algérienne une cible à abattre, j’ai décidé de reporter mon intervention à une date ultérieure. » J’ai donc improvisé : «En tant qu’opposant algérien, je suis sans doute mieux placé que vous tous, ici, à parler de notre armée. Permettez-moi de vous dire que si l’Algérie est aujourd’hui debout, c’est grâce à cette institution qui vient d’être vilipendée, diffamée et accusée à tort ici même. L’avenir que nous voulons construire ensemble commence par le devoir de dire les vérités, et j’assume devant vous pour reconnaitre l’échec des dirigeants de mon pays et leur manque de clairvoyance. Et, d’ailleurs, je suis jaloux des despotes éclairés qui sont à la tête de vos pays respectifs. Mais, le jour où la machination du mal qui a visé l’Algérie à travers le FIS adviendra chez vous, ce jour-là, vous allez tous, non seulement changer d’avis sur l’armée algérienne, mais surtout vous intéresser de près à son expérience. » A mon retour, je croyais naïvement que le président du RCD sera fier de moi. J’ai été à la fois surpris et choqué par son attitude. Il m’a clairement dit que mon rôle consistait à «enfoncer l’armée algérienne». J’étais sidéré par son ingratitude envers cette institution qui lui avait même collecté les 75 000 parrainages exigés par la loi pour valider sa candidature aux élections présidentielles de 1995 et 2004 !! Sur le coup, il avait pris la décision de ne plus me confier des tâches similaires. Mais, peu de temps après, il est revenu sur la sentence.
Le président du RCD n’en est pas à sa première infraction. En avril 2000, il a été chargé par le président Bouteflika d’effectuer une «visite d’Etat» en Afrique du Sud. L’ambassade d’Algérie au pays de Nelson Mandela avait pris en charge les préparatifs de l’agenda de la visite, conformément aux us qu’exige ce genre de visites diplomatiques. Accompagné du député Ali Brahimi, membre de la direction nationale, les autorités politiques d’Afrique du Sud réserveront un accueil digne des chefs d’Etat au président du RCD. Ceci, grâce aux orientations du président de la République et au charisme de Djoudi, ambassadeur d’Algérie en Afrique du Sud, qui jouissait d’un statut particulier dans ce pays pour avoir été l’instructeur de l’icône de la lutte contre l’apartheid, Madiba. Le jour de son entretien avec le président Thabo Mbeki, Said Sadi a commis la maladresse de refuser la compagnie de M. Djoudi. Ce dernier lui avait beau expliqué que ceci était contraire aux normes protocolaires. Mais niet, le toubib ne voulait rien savoir. Arrivés sur les lieux, il renvoya Ali Brahimi de la délégation. Une délégation qui, au final, ne sera composée que d’une seule personne : SS. L’on se demanderait pourquoi un tel cafouillage pour avoir un tête-à-tête avec le président hôte. L’explication est très simple : il a imploré, toute honte bue, le président d’un pays étranger, l’Afrique du Sud en l’occurrence, pour plaider sa cause auprès de Bouteflika afin de le nommer ministre des Affaires étrangères !
En plus de son obsession pour les affaires étrangères, Saïd Sadi n’a jamais caché sa faiblesse pour l’argent qu’il n’arrêtait pas de rappeler comme étant le «nerf de la guerre», alors que nous étions en politique. Par devoir de mémoire, je témoigne d’un cas révélateur. Saïd Sadi avait essayé d’abuser de l’affection que portait l’ex-guide libyen Maammar Kadhafi au colonel Amirouche et, par ricochet, à son fils, Nordine Ait Hamouda. En effet, lors de la visite à Alger du colonel Kadhafi en 2005, dans le cadre du sommet de la Ligue arabe, le colonel a invité le fils du prestigieux officier de l’ALN à sa kheima. Et à Sadi de sauter sur l’occasion pour enjoindre à Nordine Ait Hamouda de quémander de l’argent au guide de la révolution libyenne ! Ayant refusé d’exécuter cette tentative d’extorsion de fonds, malgré la proximité débordante entre les deux hommes, Nordine Ait Hamouda, qui ne ménageait aucun effort pour trouver des financements auprès de donateurs algériens, aura ainsi désobéi pour la première fois au gourou. Solliciter des financements étrangers était une ligne rouge que le fils de Amirouche ne pouvait franchir.
Ces quelques lignes résument parfaitement le comportement d’un homme qui, à un moment, rêvait d’incarner la grandeur de l’éternel Jugurtha, mais dont la vie politique ne peut être assimilée qu’à la déchéance et la trahison d’un Bochus.
Feu Hocine Aït Ahmed disait : «Saïd Sadi a coûté trop cher au combat démocratique». A chaque occasion, et c’est un devoir moral et pédagogique auquel je m’assigne, je dévoilerai un segment de cette escroquerie politique qui a détourné toute une génération de militants pour un «statut social» et une place au sein de la nomenklatura.
R.B