Salima Ghezali (FFS) : « Je suis d’abord une militante politique… »
DIA-13 mars 2017: Tête de liste surprise du FFS dans la wilaya d’Alger, Salima Ghezali a profité de son passage, il y a quelques jours, sur « Radio des sans voix », une web-radio lancée en juin 2016 par le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), pour clarifier les raisons de son engagement dans la bataille des Législatives du 4 mai prochain. A l’évidence, en réaction à la vague d’interrogations qui a suivi l’annonce de sa participation à ces dernières. Ce qui ressort nettement de ses réponses à l’animateur de l’émission. S’exprimant au nom du FFS, Salima Ghezali s’est longuement étalée sur la nécessité « d’exploiter toutes les brèches existantes dans le cadre d’un Etat totalitaire » pour défendre ses idées et ses convictions. Une manière, on ne peut plus claire, de dire que les prochaines législatives en constituent une. Et, partant, qu’elle demeure fidèle à ses convictions de toujours : la lutte contre « la nature non démocratique du régime », à savoir. Un régime qu’elle a, au passage et, sans aucun doute, pour faire bonne mesure, chargé de tous les maux que connaît le pays ; « de la dépolitisation voulue » des Algériens et « de la violence imposée à la société », notamment. Sauf qu’elle a tenu, dans le clair objectif de justifier sa participation au prochain rendez-vous électoral, à préciser que, à l’instar de son parti, elle inscrit sa lutte dans un cadre strictement pacifique : « Je n’ai jamais été une anarchiste, une révoltée ou une rebelle. Je suis d’abord une militante politique », a-t-elle asséné à l’animateur de l’émission qui lui a fait part de son étonnement de la voir participer à des élections organisées dans le cadre « d’un système qu’elle détestait » et auquel elle s’opposait radicalement. Non sans prendre la peine de lui préciser qu’elle ne « détestait pas le système » mais qu’elle était « politiquement contre lui ». Comme pour dire que c’était, là, la position de son parti, Salima Ghezali a ajouté que « le FFS a depuis toujours fait le choix du dialogue, de la réconciliation, de la construction d’un Etat de droit et de la construction d’un consensus national ». Plus précise sur ce point, elle a déclaré que le militantisme prôné par le FFS « est un militantisme de construction ». Qui vise « à mobiliser la société ». « Une œuvre de longue haleine, lourde, prenante et fatigante » qui a pour objectif capital, a-t-elle précisé, « de faire sortir les Algériens de la situation de consommateurs, y compris de la chose politique, qui est aujourd’hui la leur pour qu’ils deviennent les artisans de leur destin ». S’en prenant indirectement, mais sans jamais les nommer, à tous ceux qui ne perdent pas espoir de voir l’Algérie replonger dans une violence destructrice, la tête de liste du FFS dans la wilaya d’Alger s’est ouvertement prononcé contre tout recours à la violence pour imposer un quelconque changement dans le pays: « Nous ne sommes pas dans une situation de prise d’armes », a-t-elle déclaré. Et de poursuivre, pour mieux situer les priorités de l’heure: « Il faut retisser les liens entre les Algériens, réveiller en eux la conviction, la volonté et le désir de construire ». Tout un programme qui sera celui de son parti durant la campagne électorale à venir; une campagne qui sera axée, a-t-elle annoncé, « sur le travail de proximité ». Et ce, dans le triple objectif, a-t-elle laissé entendre, de mobiliser les Algériens, de faire connaître le programme du FFS et de lutter contre l’abstention. Cette dernière, selon elle, « voulue et encouragée par le pouvoir ». Et d’expliquer: « Le pire ennemi des dictatures, c’est l’auto-organisation des gens; c’est la conscience alliée à la mobilisation pour exprimer une volonté citoyenne, une volonté nationale ».
Mourad Bendris