Sellal se retourne contre Bouteflika et exige sa présence, Benbitour sauvé par son intégrité
DIA-03 mars 2020: L’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a demandé à ce que l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika soit présent au procès des responsables impliqués dans les affaires de montage automobile et du financement occulte de la campagne électorale du 5ème mandat avorté.
Sellal se contredit dans ses déclarations puisqu’il avait déclaré qu’il exécutait les ordres de l’ancien président Bouteflika et n’osait pas lui dire non « par respect ». A présent, il exige la présence de Abdelaziz Bouteflika en tant que témoin ou accusé, alors qu’il avait avoué que les frères de l’ex-président prenaient des décisions à leur guise !
Sellal qui utilise tous les moyens pour sortir de prison, tente de se disculper comme il peut. Or, il aurait du assumer ses responsabilités et accepter son sort comme l’a fait l’autre Premier ministre de Bouteflika, Ahmed Ouyahia.
Sellal aurait dû imiter l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour qui avait démissionné quand l’ex-président de la République voulait lui imposer des décisions. Benbitour avait refusé la gestion par ordonnance de Bouteflika, ce qui explique sa non implication aujourd’hui dans les affaires de corruption, de mauvaise gestion et d’octroi d’indus avantages. Son intégrité et son honnêteté l’auront sauvé.
Ce n’est pas le cas de ses successeurs qui croupissent aujourd’hui en prison et dont les procès se poursuivent. En ce sens, le procès des accusés impliqués dans les deux affaires relatives au montage automobile et au financement occulte de la campagne électorale pour la Présidentielle d’avril 2019, se poursuivra demain mardi au 3e jour.
L’ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane a affirmé, au 2eme jour du procès ce lundi, avoir été chargé par « Said Bouteflika, conseiller de l’ex-Président », de diriger la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika, précisant qu’il avait rejoint le siège de la permanence « le 5 mars 2019 » et était resté jusqu’au 11 mars, « date à laquelle M. Bouteflika avait renoncé à se porter candidat ».
Affirmant n’avoir pas participé au financement de la campagne électorale, il a reconnu néanmoins avoir consulté la liste des personnes impliquées dans le financement de la campagne.
« Je n’ai ouvert aucun compte ni signé aucun chèque. Je n’étais pas en contact avec ces personnes. Toutes les contributions financières ont cessé définitivement, une semaine après le début du hirak populaire », a-t-il affirmé.
Le juge a également auditionné l’ancienne wali Nouria Yamina Zerhouni qui a rejeté les accusations relatives à l’octroi de terres et d’avantages indus. Elle a rejeté aussi la conclusion de contrats en violation avec la législation, affirmant que depuis sa prise de fonctions, « il y avait au niveau de la wilaya près de 3.000 dossiers d’investissement en attente de traitement et vu les obstacles et entraves, il fallait accélérer les choses », expliquant les violations survenues par « l’incompétence » des cadres chargés du traitement des dossiers.
L’audience du procès des accusés dans les deux affaires avait repris ce matin pour la deuxième journée consécutive. Le juge a entendu l’ancien ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, les hommes d’affaires Hassan Larbaoui, Mazouz Ahmed et Fares Sellal.
Répondant aux questions du juge, lors de l’audience, l’ancien ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda a affirmé avoir « trouvé le ministère dans un état catastrophique et subi des pressions après avoir mis fin aux fonctions de 13 cadres de son département », ajoutant que le dossier de l’opérateur Larbaoui « a été examiné avant sa nomination à la tête du secteur ».
A son tour, l’opérateur dans le domaine de montage automobile, Mazouz Ahmed a nié avoir versé des montants afin « d’avoir des avantages et des facilitations ».
Le juge a auditionné les hommes d’affaires Aboud Achour, les frères Semai et Nemroud outre Tira Amine et Mustapha Abdelkrim (cadres au ministère de l’Industrie). Les accusés ont rejeté toutes les accusations retenues contre eux.
Ce procès intervient suite à l’appel interjeté par le Parquet et le collectif de défense contre le verdict prononcé, le 10 décembre 2019, par le Tribunal de Sidi M’hamed, condamnant, notamment, l’ancien ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, par contumace, à 20 ans de prison ferme, avec émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre, les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia à une peine de 15 ans de prison ferme avec confiscation de tous ses biens, et Abdelmalek Sellal, à une peine de 12 ans de prison ferme, des anciens ministres Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda à une peine de 10 ans de prison ferme pour chacun d’eux.
Ont été condamnés également l’ancienne ministre et wali Nouria Yamina Zerhouni à une peine de 5 ans de prison ferme, les hommes d’affaires Ahmed Mazouz à une peine de 7 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, Hassan Larbaoui à une peine de 6 ans de prison ferme avec confiscation des fonds saisis, et Mohamed Bairi à une peine de 3 ans de prison ferme. Le fils de l’ancien Premier ministre, Fares Sellal a été condamné, quant à lui, à une peine de 3 ans de prison ferme.
Mohamed Nassim