Tunisie/corruption: les avoirs de huit hommes d’affaires gelés
DIA-26 mai 2017:Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi le gel des avoirs de huit hommes d’affaires soupçonnés de corruption, dont certains ont récemment été placés en résidence surveillée dans le cadre d’un coup de filet anticorruption.
La commission chargée de la confiscation de biens au profit de l’Etat a annoncé lors d’une conférence de presse avoir saisi les biens et gelé les avoirs de huit hommes d’affaires ayant réalisé des profits « de manière illégale ».
Cette décision a été prise à la suite d’une enquête prouvant l’implication de ces hommes d’affaires « dans des relations qui leur ont permis de réaliser illégalement d’énormes bénéfices », a déclaré le président de la commission, Mounir Ferchichi.
D’après cette enquête, ces personnes auraient tiré profit de leurs relations, avant la révolution de 2011, avec le clan du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali et des membres de son régime dont les biens ont été confisqués en 2012.
Parmi elles figurent le richissime et médiatique Chafik Jarraya et l’ex-candidat à la présidence Yassine Chennoufi, qui ont été placés en résidence surveillée pour être interrogés au secret dans le cadre d’un coup de filet anticorruption qui a fait sensation.
Le fait que le gel des avoirs intervienne au même moment que la campagne anticorruption est « une coïncidence », a assuré M. Ferchichi.
En tout, dix hommes d’affaires ou contrebandiers présumés ont été arrêtés depuis mardi pour des soupçons de corruption et de « complot contre la sûreté de l’Etat », a indiqué vendredi à l’AFP un haut responsable sous le couvert de l’anonymat.
Ils sont notamment accusés par les autorités de « financement de mouvements de protestation » dans diverses régions.
Système mafieux
Effectuées en vertu de l’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis plus d’un an et demi, ces arrestations ont été largement saluées dans la classe politique et la population.
Vendredi soir, près d’un millier de personnes ont ainsi manifesté devant la présidence du gouvernement en soutien à cette lutte contre un fléau perçu comme un puissant frein à la relance économique dans l’unique pays rescapé du Printemps arabe.
« La lutte contre la corruption est un devoir », « les corrompus en prison », ont notamment scandé les participants, citoyens et membres de partis.
« Après quatre, cinq, six, douze gouvernements, il y en a enfin un (qui agit). Ce ne sont pas les personnes qui nous intéressent, ce sont les institutions, et nous sommes venus soutenir l’Etat dans le fait qu’il a enfin décidé d’assumer ses responsabilités », a déclaré à l’AFP une manifestante, Neziha Gouider-Khouja.
« On espère que ça ne sera pas une action isolée, limitée dans le temps, on aimerait que tout ce système mafieux qui existe soit démonté », a ajouté Sami Handous, un militant de la société civile.
Tout en affirmant leur soutien à la lutte contre la corruption, des voix se sont effectivement élevées pour demander que les mesures prises cette semaine ne se limitent pas à quelques noms connus et qu’une véritable opération « Mains propres » soit lancée.