Il faut dire que les relations entre les deux hommes se sont détérioré depuis que Bouchouareb s’est rapproché du Conseiller du président Said Bouteflika entre 2012 et 2014. Bouchouareb qui était jusque-là toujours bien placé dans le parti par Ouyahia comme chef de cabinet, au regret des autres membres du bureau national qui n’appréciaient guère ses allures de vizir. Ce dernier s’est retourné contre son chef en 2013, quand il salua la mise à l’écart d’Ouyahia du parti et son remplacement par l’actuel président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah. Ouyahia était mis à l’époque sur une voie de garage en attendant des jours meilleurs.
En 2014, Bensalah très malade céda sa place à Ouyahia, qui malgré cela restait mis à l’écart par le Président de la République. Entre temps Bouchouareb prend du galon et devient puissant Directeur de Communication du Candidat Bouteflika lors de la présidentielle d’avril 2014. Ce dernier écarta tous les proches d’Ouyahia du cercle présidentiel à commencer par Chihab Seddik, l’actuel porte-parole du parti qui est considéré comme proche de Si Ahmed (appellation donnée à Ouyahia par les membres du parti). Après la présidentielle et sa nomination comme Ministre de l’industrie, Bouchouareb a essayé de maintenir son poids dans le parti en créant toujours des conflits entre les dissidents et les partisans d’Ouyahia.
Il faut dire que Bouchouareb n’était guère apprécié au sein de la base militante du parti. Sa réputation de fils de Caid n’était pas du goût des militants et cadres du parti qui sont composés essentiellement d’enfants de martyrs et d’enfants de Moudjahidines. Sa sortie du bureau national du RND a été déjà commentée par plusieurs membres du RND, qui ont salué le départ d’un cadre qui a plus fait mal au parti qu’il ne l’a défendu.
Enfin, les choix économiques de Bouchouareb, très proche des français, n’étaient pas du goût du SG du RND Ahmed Ouyahia qui est plus favorable pour une multiplication des partenaires économiques qu’une focalisation sur l’ancienne puissance coloniale. De plus, Ouyahia n’appréciait pas que Bouchouareb soit associé à Chérif Rahmani, son ennemi de toujours dans le cercle du pouvoir.
On ignore si cette sanction est liée à ses relations avec Haddad ou ses conflits avec Tahkout. En tant que patron de l’industrie, Bouchouareb avait toujours essayé d’imposer son pouvoir sur les hommes d’affaires. Sa guéguerre perdue face à Rebrab avait montré ses limites face aux patrons.
Son implication dans l’affaire des Panama Papers n’a pas encore facilité les choses, même si dans son esprit il sait qu’il n’est pas le seul, qui devait être lynché en public.
Revenu aux affaires de l’Etat et surtout profitant de sa disgrâce au sein du cercle présidentiel, Ouyahia porta ainsi le coup fatal à Bouchouareb, qui a été écarté déjà des législatives et qui se voit maintenant sans protection politique et gouvernementale.
Salim Bey