De Nice à Kaboul : un symptomatique terrorisme - DIA
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De Nice à Kaboul : un symptomatique terrorisme

DIA- Le 27 juillet 2016: Le 14 juillet 2016 aurait pu sonner comme une célébration dans la ville la plus estivale qu’il soit, pourtant elle ne sera qu’à l’image d’une tâche de sang indélébile sur le bitume de la Promenade des Anglais. Comme une belle femme offensée, Nice fleurit cette nouvelle sépulture imposée par un semi-fou, un semi-remorque. Nice s’agite, Nice a peur, Nice pleure ses enfants broyés, fauchés en pleine rêverie, en pleine admiration du ciel qu’ils ne tarderont pas à rejoindre malgré eux. Je crois qu’aucune ville ne mérite d’être atteinte. Cet attentat nous apparait d’autant plus insupportable qu’il suit plusieurs autres nous ayant laissé orphelins.   

Au départ, je ne voulais pas écrire sur le 14 juillet niçois estimant que la coupe est pleine. Les inquiétudes de mon rédacteur en chef face à mon silence en ce qui concerne cette énième horreur m’ont réveillée de la torpeur dans laquelle j’étais ! Je me mets donc au travail et je me rends compte que je ne trouve pas les mots … j’attends encore un moment, subissant une pannes sèche, j’apprends qu’un deuxième attentat s’est produit à Munich et a fait 19 morts. Des gens simplement venus faire leurs courses. Les bras m’en tombent et je me sens comme paralysée, dans l’expectative… j’attends encore un peu, c’est au tour de  Kaboul, de nouveau à feu et à sang. Et dernier acte (du moins je l’espère), un prêtre égorgé près de Rouen. La réaction devient tristement automatique. La colère, les fleurs en leur mémoire et progressivement l’oubli jusqu’au prochain massacre.  

En à peine 15 jours, nous avons été fasse à l’horreur en chaine. Le plus effrayant et désolant dans tout cela, c’est qu’au lieu de tenter de chercher des solutions, les politiciens en fond un tremplin pour prendre en faute leur adversaire et se montrer comme les porteurs d’une solution, qu’au final, personne n’a ! Autour des cadavres, les charognards rodent, les corbeaux croissent, les chacals s’aiguisent les dents et les vautours marquent leur territoire. Quant aux familles des victimes, elles se meurent de chagrin tentant pour un certaine de trouver dans leur voisin, la cause de leur malheur tandis que les autres exhortent à la raison. Il est impératif de rappeler que la communauté musulmane de France et d’Allemagne n’est en aucun cas l’avocate de ces gens que l’on dit avoir identifié comme les représentants de l’Etat Islamique. D’ailleurs, pour moi, ce même Etat n’existe pas en soi, car j’ai toujours autant de mal à l’identifier et le situer. Qui est-il ? La question demeure.

Tout cela nécessite donc une réflexion plus poussée car l’heure est grave et de simples petites chroniques ne seront jamais à la hauteur pour expliquer le rapport complexe de cause à effet dans lequel nous sommes entrés depuis une vingtaine d’année. La profusion des spécialistes ou des pseudo-chercheurs, sur la question qui tendent à nous expliquer l’émergence et les causes d’une telle déferlante, ne nous aide pas bizarrement. Ils auraient tendance à augmenter l’inquiétude et générer des confusions qui peuvent aller très loin. Au final, l’objectivité de ces « spécialistes » est sujet à caution surtout durant ce climat trouble où chacun en profite pour prêcher pour sa paroisse. Comme nous ne sommes pas des singes savants ou des moutons, gageons d’essayer de comprendre par nous-mêmes. Qu’est ce que le terrorisme ? Quelles sont les causes de celui-ci ? Quelle en est l’idéologie ?

Il y a quatre types de terrorisme :

  • Le terrorisme individuel: commis par de très petits groupes anarchistes isolés ou des individus nihilistes
  • Le terrorisme organisé: soutenu par différentes idéologies : extrêmes gauche ou droite, djihadistes, salafistes, narcotrafiquants.
  • Le terrorisme d’Etat : lorsque le terrorisme est commis, commandité ou manipulé par des services parallèles aux services officiels.
  • Le terrorisme économique: vise la déstabilisation économique d’une société ou d’un Etat tiers.

En ce qui nous concerne, j’ai vraiment l’impression que nous subissons la combinaison de ces quatre types.   Ayant poussé le bouchon un peu loin, les politiques internationales et les différentes Révolutions au sein du Monde Arabe ont été des phénomènes qui ont allumé la mèche. Aussi étrange que cela puisse paraitre, avant de libérer, elles ont enfermé dans un système confus et dangereux : c’est le prix à payer quand on détruit un système pour mettre en place un autre. Je ne doute pas que toute période, succédant une révolution, est marquée par une période d’instabilité indiscutable. Je ne rappellerai que brièvement l’histoire de la Révolution Française marquée par un temps de terreur qui l’a amenée à dévorer ses enfants. Je n’en viens pas jusqu’à comparer les révolutions au terrorisme mais c’est dans la confusion momentanée qu’elles génèrent que le terrorisme trouve se renforce.  On subit une période de rémission douloureuse qui aboutit à l’éradication entière et complète du microbe causant la maladie. Le terrorisme est une maladie dont on cherche le remède sans en avoir, au préalable, diagnostiqués les symptômes. Alors j’essaie de me pencher sur les différentes théories et analyses qui pourraient expliquer son émergence et je me rends compte qu’elles sont légions. Je ne préconise pas comme certains de se voiler la face sur les raisons sous prétexte que cela déresponsabilisait les terroristes.

Faut-il en chercher l’origine dans la religion, dans l’écart de richesse entre le Nord et le Sud de la planète, dans le conflit israélo-palestinien, dans l’opposition entre civilisations occidentale et islamique, ou dans d’autres facteurs socio-politiques ? Si tous les auteurs ne sont pas d’accord entre eux sur la réponse à cette question, il est intéressant de prendre du recul et de voir le « phénomène terroriste » dans son évolution historique. Le « terrorisme international » ressurgit chaque fois qu’un monde en évolution (trop) rapide donne l’impression – subjective ou objective – à de trop grands groupes de gens qu’ils sont marginalisés », explique le professeur belge Rik Coolsaet. « Un monde où trop de dimensions paraissent évoluer trop vite et qui donne ainsi l’impression à trop de gens qu’ils n’en font pas partie, qu’ils restent à la limite de ce monde, qu’on ne tient pas compte d’eux. C’est précisément ce qui forme le terreau dans lequel de petits groupes extrémistes -sorte d’avant-garde autoproclamée- essaient de justifier leurs « actes terroristes » pour se doter eux-mêmes d’une auréole de combattants de l’injustice. Alors rebondissons sur ce terme d’injustice. Oui, le présent n’est-il pas que la conséquence logique d’un ensemble d’actes du passé aussi injustes soient-ils ? Disons que le temps dans lequel nous sommes est celui de la récolte. La récolte d’un fruit empoisonné, peut-être.

Les extrémistes sont de tous bords et la terreur n’est pas l’apanage des arabes et musulmans seulement. Si celui-ci donne une impression d’être prédominant dans l’actualité, c’est simplement parce qu’il est précédé par la grande vague des Révolutions arabes. Rappelons que d’autres nations à travers le monde ont subi ces méfaits commis par des organisations devenues tristement célèbres telles que : l’IRA (1916-1997) en Irlande, Stern et Irgoun (1946-1948) en Israël pour chasser les Palestiniens, l’ETA (1956-2011) en Espagne, Action directe en France, Brigades rouges en Italie et au Japon, la bande à Baader en Allemagne, Jamaa Islamia en Egypte, Al Qaïda depuis 1988 et tant d’autres en Norvège et ailleurs. L’activité de ces organisations a duré pendant plusieurs décennies et causé des centaines de tués et des milliers de mutilés. On ne s’en félicite pas !

Combinées ainsi l’injustice et la colère, ne donnent rien de bon. Si j’en viens au monde arabe qui a tenté d’étouffer le peuple pendant des décennies et des siècles, avec la collaboration parfois de l’Europe, il n’est pas étonnant alors que la bombe voire les bombes humaines explosent en s’inquiétant si peu de savoir qui sont les cibles. Pourquoi a-t-il fallu que la Tunisie se libère en passant au préalable par un saccage de tout le pays ? Pourquoi a-t-il fallu attendre le point de non retour qui amène à une action désordonnée et qui, surtout laisse la place à des groupuscules anarchistes qui n’ont d’autres idées que de détruire sans idée de reconstruction.

Le terrorisme en Europe est d’un autre ordre. Il est la manifestation de la violence sur un espace estimé décisionnaire. Agir en Afghanistan ou en Syrie n’est pas assez marquant car tout le monde sait que les décisions politiques se prennent à Bruxelles. On aura beau dire que les terroristes ont agi pour untel ou untel, je pense profondément qu’ils n’ont rien avoir avec une quelconque idéologie. Ils sont associés à ce besoin d’agir, de rétablir l’équilibre ou la justice perdue au sein de leur vie personnelle…et celle-ci vient se combiner à celle qu’il observe au quotidien derrière les écrans. La dissociation ne se faisant plus dans leur tête, ils expriment leur haine en se donnant le sentiment d’agir pour le groupe identitaire auquel ils appartiennent. Cette combinaison rend alors leur acte héroïque et justifie leur mort comme un sacrifice libérateur. Tout comme l’explique Thierry Deffargues : « Ce qui est qualifié de terroriste par les uns peut être qualifié de résistance par les autres » alors tentons de colmater les brèches par laquelle s’insinue la désespérance de ces gens qui se considèrent comme des vengeurs.

S.T

 

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