DIA-29 décembre 2019: Les premiers changements opérés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vont dans le sens de rétablir les normes qui ont été bafouées et piétinées au temps de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika, dont les décisions étaient unilatérales, irrévocables et sans partage.

La présidence de la République a ainsi décidé de mettre fin à l’anarchie qui était régie comme règle au temps de Bouteflika en matière de l’information et de la communication. L’information officielle était communiquée à travers des chaînes de télévision privées, notamment Ennahar TV et à degrés moindre Echourouk Tv qui avait l’exclusivité de toutes les informations de la présidence.

Aussi, des sites d’informations électroniques étaient devenus des sources de l’information officielle, au moment où les canaux officiels ont été relégués au second plan, comme l’APS, l’ENTV et même la Radio nationale.

Ainsi, l’Agence officielle et publique APS était la dernière, pour ainsi dire, à diffuser des informations officielles. Pis encore, Ennahar TV, Echourouk Tv et des sites électroniques avaient l’exclusivité de diffuser des informations hautement confidentielles alors que l’Agence APS était la dernière à les diffuser.

En ce sens, certaines chaînes privées et des sites électroniques étaient devenus des sources d’information, ce qui a galvaudé l’information officielle au temps du Président Bouteflika. Or, il se trouve que dans tous les pays,  l’information officielle est diffusée par une Agence de presse digne de ce nom et non pas par des chaînes TV privées ou des sites électroniques privés.

Ces pratiques qui dataient de la période de Bouteflika allaient être reprises par les supports habituels, notamment avec la diffusion d’informations relatives à des nominations à la présidence de la République. Relayées sur les réseaux sociaux, ces informations n’ont jamais été diffusées par l’APS, ce qui explique la réaction de la présidence de la République ce samedi.

Aujourd’hui, avec le Président Tebboune, la présidence de la République revient à la norme. A cet effet, la Direction de la presse et de la communication de la Présidence a indiqué ce samedi que « l’information officielle est rendue public à travers des communiqués de la présidence de la République publiés par l’Agence Algérie presse service (APS) et que toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et la désinformation ».

Dans un communiqué publié par l’APS, il est mentionné : « la Direction de la presse et de la communication de la Présidence de la République informe l’ensemble de la presse, supports et plateformes de communication que l’information officielle est rendue public à travers des communiqués de la présidence de la République publiés par l’Agence Algérie presse service (APS) et que toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et la désinformation. »

La Direction « affirme que les informations diffusées à travers tout média ou plateforme de communication au titre de scoop ou dans le but de faire accroire à l’opinion publique à une proximité de la source d’information sans respect des lois de la République et des règles de la déontologie exposeront leurs auteurs aux peines prévues par les lois de la République ».

Elle rappelle que « le président de la République, M. Abdelmajid Tebboune, avait annoncé la tenue de rencontres périodiques avec la presse pour expliquer la situation générale, requérant la pondération et la sérénité, pour répondre à toutes les questions de la presse ».

La Direction de la presse et de la communication annonce, dans ce sens, »l’accréditation prochaine de journalistes de différents médias pour la couverture des activités présidentielles, sans distinction ou exclusion aucune ». 

« La nouvelle République ne saurait être édifiée sans la concrétisation du principe de l’échelle des valeurs », conclut la même source.

Désormais, les chaînes TV privées et les différents sites électroniques n’auront plus cette exclusivité qui sera du ressort de l’APS.

Le SNJ dénonce une mesure de restriction de la liberté de presse 

Un retour à la normale, qui n’a pas été du goût du syndicat national des journalistes (SNJ) qui considère que cette conception brejnévienne de l’exercice du métier de journaliste décrété par la direction de l’information de la présidence n’augure rien de bon et met, dores et déjà en situation de conflit ouvert, la nouvelle équipe aux affaires et la presse dans son ensemble. Le SNJ ajoute « que les rédacteurs dudit communiqué semble ignorer que la presse algérienne est largement diversifiée, libre depuis trois décennies, malgré les multiples pressions et les nombreux défis qu’elle avait eu à affronter au cours de ces années difficiles qui l’ont vue assurer sa survie au prix d’incommensurables sacrifices. L’on ne peut, comme cela, d’une simple décision fut elle prise par la plus haute autorité du pays, changer la nature même du travail du journaliste, qui consiste en une quête permanente de l’information. C’en est là la raison même d’être de ce métier, et la norme minimale universellement admise, en tout temps et tout lieu, sous réserve du respect des principes élémentaires d’éthique, comme c’est d’ailleurs le cas pour toute autre corporation. Ne s’en tenir qu’aux communiqués officiels, c’est, en soi pour la presse, les médias en général et aux femmes et hommes des médias donc, un manquement grave à leur noble mission d’informer et une faute éthique et déontologique justement. C’est une atteinte au droit même du citoyen à l’information. La liberté de la presse et d’expression sont un droit irréversible et le Syndicat national des journalistes tient à le rappeler avec force, conclut le communiqué du SNJ, signé par son SG Kamel Amarni. 

Amel Bouchaïb