Le Président turc Erdogan zappe Rabat et relance son alliance économique et diplomatique avec Alger
DIA-25 janvier 2020: Le Président turc Recep Tayyip Erdogan entamera, ce dimanche 26 janvier, sa tournée en Afrique par une visite officielle en Algérie. Deux dossiers importants sont inscrits à son programme: les relations bilatérales, avec à la clé la création d’un Haut conseil de coopération stratégique algéro-turc, ainsi que la crise libyenne.
La visite du Président turc à Alger, le 26 décembre, augure d’une nouvelle phase dans les relations entre l’Algérie et la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a tenu à répondre avec diplomatie à l’invitation officielle de son homologue algérien, transmise il y a moins de trois semaines, lors d’une rencontre avec le chef de la diplomatie turque Mevlüt Çavuşoğlu.
Cette visite a été rajoutée à la mini-tournée africaine de Recep Tayyip Erdogan, qui devait initialement débuter au Maroc et se poursuivre au Sénégal et en Gambie. Mais la programmation de l’escale algéroise, avant de gagner Rabat, a fait grincer des dents côté marocain et la visite du Président turc a été finalement annulée, d’après un diplomate turc en poste à Alger interrogé par Sputnik qui a souhaité garder l’anonymat.
À l’ordre du jour des discussions algéro-turques: les relations bilatérales. Les deux États envisagent de créer une instance qui aura pour mission de définir et de gérer ce qui devrait être un «partenariat d’exception»: le Haut conseil de coopération stratégique algéro-turc.
Plusieurs centaines de sociétés turques sont présentes en Algérie, notamment dans la construction, les services et le commerce. En février 2018, lors de la dernière visite de Recep Tayyip Erdogan à Alger, les deux pays avaient signé des accords de partenariat et de coopération ainsi que des mémorandums d’entente dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, du tourisme, de l’enseignement supérieur, de la culture et de la diplomatie.
L’autre dossier d’importance qui sera au centre des discussions entre les deux parties sera la crise libyenne. Partenaire stratégique du GNA de Fayez el-Sarraj, Ankara a maintes fois menacé d’intervenir militairement en Libye pour contrer l’offensive du maréchal Khalifa Haftar. Les autorités algériennes, qui rejettent l’idée de toute ingérence étrangère en Libye, ont pris leurs dispositions avant de dérouler le tapis rouge à Recep Tayyip Edogan.
Au terme d’une rencontre qui s’est tenue à Alger, ce jeudi 23 janvier, les représentants des pays frontaliers de la Libye (Tunisie, Égypte, Tchad, Mali, Soudan, Niger et Algérie) ont rejeté «toute ingérence étrangère» en Libye. Un principe que les Algériens ne comptent pas négocier face à la délégation turque.
Des observateurs n’écartent pas une possibilité pour le Président algérien Abdelmadjid Tebboune et Sabri Boukadoum, son ministre des Affaires étrangères, de plaider pour une participation active de la Turquie dans le processus de dialogue inclusif pour la résolution «pacifique et politique» de la crise libyenne.
Un défi qui s’annonce toutefois complexe, d’autant plus que les Algériens envisagent de faire participer à ce dialogue l’ensemble des acteurs de la crise libyenne, y compris certains dirigeants de l’ère Kadhafi ainsi que des membres du gouvernement de Tobrouk.
Amir Hani/ Sputnik