Dossier sur la Mémoire : Stora remet son rapport demain à Macron, Chikhi temporise
DIA-19 janvier 2021: C’est demain mercredi que l’historien français, Benjamin Stora, remettra le rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie au président français Emmanuel Macron. Les Présidents algériens et français, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron avaient convenu en juillet 2020 de désigner un expert, chacun de son côté, afin de plancher sur le dossier tumultueux et brûlant de la Mémoire.
Le Président Tebboune avait désigné Abdelmadjid Chikhi au poste de conseiller du Président de la République chargé des archives et de la mémoire nationale, alors que Macron avait opté pour Benjamin Stora, un juif d’origine algérienne, né à Constantine et spécialiste des questions algériennes.
Il y a un mois, le président français avait informé son homologue algérien que le rapport préparé par Stora sera prêt en janvier. Effectivement ce rapport sera remis demain à Macron par Stora.
Cité par l’agence française AFP, Benjamin Stora a indiqué que ce rapport, qui sera publié en mars sous forme de livre, est l’occasion d’une « concrétisation » du combat mémoriel qu’il mène depuis des décennies.
« Ce n’est pas un livre d’histoire comme j’ai pu en écrire, (…) c’est un livre de réflexion à partir de tout ce que j’ai pu accumuler comme travaux, comme archives, comme rencontres tout au long de ma vie, plus de 40 ans maintenant que je travaille sur l’histoire de l’Algérie, du Maghreb », a-t-il dit.
« A l’âge que j’ai, 70 ans maintenant, (je voudrais) arriver dans une sorte de concrétisation de cette bataille pour la mémoire, de cette bataille pour la réconciliation des mémoires, de cette bataille pour la reconnaissance des uns par rapport aux autres, parce que c’est important, 60 ans après l’indépendance de l’Algérie », a conclu Benjamin Stora.
Cité par l’Agence APS, Abdelmadjid Chikhi avait indiqué le 21 décembre dernier au sujet du travail bilatéral avec son homologue français Benjamin Stora sur le dossier des archives, n’avoir, à ce jour, pas commencé à travailler avec Stora, « qui m’a contacté par téléphone pour s’excuser de ne pouvoir entamer le travail ensemble en raison d’un rapport demandé par le président Macron sur les étapes et les priorités de ce travail pour la partie française », a-t-il expliqué.
Chikhi avait affirmé que « les demandes de la partie algérienne sont claires et ne nécessitent pas de concertations », ajoutant que « la question est immuable car le passé ne saurait être effacé ou oublié. Nous œuvrons à ce qu’il fasse partie de relations apaisées et équilibrées » à construire au mieux des intérêts des deux pays.
Par ailleurs, Chikhi avait fait état d' »entraves » au travail de Benjamin Stora, évoquant « des parties en France qui cherchent à enterrer le passé et veulent que nous l’oublions ».
« Il existe dans la société française des associations actives clamant que nous avons volé l’Algérie à la France, et c’est inconcevable », avait-il soutenu.
Entre Chikhi et Stora c’est comme l’histoire du…lièvre et de la tortue !
Amir Hani