Essais nucléaires en Algérie: « la France doit assumer ses responsabilités historiques »
DIA-07 février 2021: La France doit « assumer ses responsabilités historiques » à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et l’indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais atomiques, a affirmé le chef de service du génie de combat du Commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua.
« La France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 Etats de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction des armes nucléaires +TIAN+, qui vient s’ajouter aux traités antérieurs », a-t-il souligné dans un entretien à la revue El-Djeïch.
Selon ce responsable, « le principe du +pollueur-payeur+ y a été d’ailleurs introduit et reconnu officiellement. C’est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé ».
Il a précisé, à ce propos, que le nombre des essais nucléaires effectués par la France, sous prétexte de la recherche scientifique, a atteint « 17 explosions (4 en surface à Reggane et 13 souterraines à In Ekker), en plus d’autres essais complémentaires ».
Les essais en surface effectués à Reggane, a-t-il poursuivi, « ont causé la pollution d’une grande partie du sud algérien ».« Leurs effets se sont étendus jusqu’aux pays africains voisins, alors qu’un nombre d’essais souterrains a échappé au contrôle, ce qui a provoqué la propagation des produits de fission due à l’explosion et la pollution de vastes zones », a-t-il ajouté.
Détaillant les conséquences de ces essais, le général Bouzid Boufrioua cite « les déchets immenses très radioactifs et de longue vie, certains sont enfouis sous terre et d’autres sont laissés à l’air libre, sans oublier les radiations répandues sur de vastes surfaces, causant un grand nombre de victimes parmi la population locale et des dégâts à l’environnement qui perdurent hélas jusqu’à nos jours ».
Néanmoins, « au regard de la croissance démographique dans les zones concernées et les risques dus à la pollution radioactive, il a été du devoir de l’Etat, très engagé envers ses citoyens, de sécuriser et de protéger les vieux sites des essais nucléaires français ».
La mission de « protéger et d’assainir ces sites qui furent le théâtre des essais nucléaires français dans le désert de notre pays » a été confiée à l’Armée nationale populaire (ANP), a-t-il fait savoir, soulignant qu’il a déjà été procédé dans ce contexte au « déploiement d’une formation de
sécurisation dans les sites à travers la création de deux unités de l’arme de génie de combat des forces terrestres, une compagnie dans la région de Reggane, dans la 3e Région militaire, et une compagnie à In Ekker, dans la 6e RM, chargées de la sécurisation et de la protection des vieux sites des essais nucléaires ».
Il a également été procédé à la « marcation et quadrillage des frontières des sites », « la reconnaissance et surveillance aérienne des zones polluées », « la sécurisation sanitaire des éléments et assistance médicale de la population locale », et le « contrôle et analyse périodique des sources d’eau et fermeture des puits près des zones polluées », a-t-il précisé.
« Nous pouvons qualifier ces efforts de satisfaisants, au regard des résultats obtenues sur le terrain à travers l’application des mesures susmentionnées, sachant que ces zones étaient une sorte de décharge à ciel ouvert pour les déchets radioactifs. Maintenant, elles sont désormais sous total contrôle », a-t-il soutenu.
« Nous avons réussi à éradiquer le phénomène lié à l’enlèvement aléatoire des déchets radioactifs et empêché les citoyens de s’approcher des zones polluées, en plus du suivi continu de la situation radioactive », a-t-il encore ajouté.
Le général Bouzid Boufrioua a déploré, à ce titre, « l’absence d’informations techniques sur la nature des explosions nucléaires et le matériel pollué enfoui », qualifiant l’absence de données sur ces essais de « crime majeur commis par la France coloniale ».