Le rappeur franco-algérien Médine, taxé d’islamiste gauchiste par une députée proche de Macron (Vidéo)
DIA-26 février 2021: En France parler avec éloquence de l’Islam est un blasphème. Après avoir noirci le dossier de Tarik Ramadan, c’est autour du rappeur franco-algérien Médine, d’être taxé d’islamiste et d’être interdit presque sur tout les médias français. Alors quand l’Université française lui donne la parole c’est la polémique.
C’est la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé qui a lancé la polémique en qualifiant le 18 février dernier l’artiste de “rappeur islamiste”, sur le plateau de LCI. La députée qui répondait à une question de Jean-Michel Aphatie a cité en exemple une conférence donnée par le rappeur à l’École normale supérieure pour illustrer “ce qui se passe dans les universités françaises. Vous avez par exemple ce rappeur islamiste Médine. Vous savez, celui qui disait qu’il fallait tuer les laïcards. Est-ce légitime qu’une école aussi prestigieuse que l’ENS donne la parole à celui qui appelle au meurtre?”, a t-elle déclarée.
La présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée apportait par ce geste son soutien à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui avait évoqué “l’islamo-gauchisme” qui “gangrène” l’université qui se déplace de la sphère politique vers le terrain judiciaire. Deux plaintes ont été annoncées ces derniers jours, l’une par une universitaire et l’autre par le rappeur Medine.
Le rappeur français d’origine algérienne Médine de son vrai Médine Zaouiche est arrivé en France à l’âge de 4 ans. Sa culture française est très visible dans ses chansons, mais ses textes sont jugés très conservateurs
Son premier album a été lancé le 11 septembre, récit du 11e jour, en 2004. L’année suivante il sort son deuxième album, Jihad, le plus grand combat est contre soi-même. De 2006 à 2012, si l’on compte ses compilations, mixtapes et EPs, il publie en tout six projets qui ne sont pas des albums, tandis qu’en 2008 sort son troisième album, Arabian Panther. Depuis 2004, Médine s’implique dans un rap engagé aux côtés d’artistes comme Kery James, Youssoupha, Oxmo Puccino et Abd Al Malik3. Selon Melty, « depuis le début de sa carrière, le rappeur du Havre s’évertue à dénoncer les clichés, notamment sur les musulmans. » L’artiste lui-même évoque « le désamour de la France pour son rap et sa pensée. »
Médine a fait l’objet de plusieurs polémiques publiques, notamment en 2018 lorsqu’il a voulu se produire au Bataclan, théâtre en 2015 du plus sanglant des attentats djihadistes commis en France. Il lui est reproché des paroles provocatrices dans le morceau Don’t Laïk et d’avoir les mêmes revendications que les auteurs des attentats contre Charlie Hebdo. Les deux concerts prévus en octobre 2018 sont finalement reportés en 2019, au Zénith de Paris.
Mais, le rappeur est resté très loin de toute polémique djihadiste et dénonce ouvertement le terrorisme. Sa position est claire: défendre l’Islam contre toute déformation dans les médias français. En Algérie, il est connu pour sa chanson Alger pleure. Le clip a été tourné à la Casbah.
Dans ses chansons, il fait référence à la poésie française et cite souvent Victor Hugo et Voltaire, d’ou l’intérêt croissant des étudiants pour ses chansons et pour ses engagements intellectuels. Cette polémique n’a fait qu’agrandir sa cote et sa popularité.
Amel Bouchaib