Alger et Moscou s’opposent à une solution militaire en Libye
DIA-22 juillet 2020: L’Algérie et la Russie ont appelé mercredi à la cessation des hostilités en Libye, où les risques d’escalade militaire s’amplifient du fait des ingérences étrangères, exhortant les belligérants libyens à revenir à la table des négociations.
« La crise en Libye doit être réglée par le dialogue et le retour à la table des négociations », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, au cours d’un point de presse conjoint à Moscou avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. « Les blindés ne peuvent être la solution en Libye », a-t-il affirmé.
De son côté, Lavrov a appelé à « un cessez-le-feu immédiat et à la suspension de tous les combats en Libye », étape indispensable, selon lui, à la relance des travaux de la Commission 5+5 et au lancement d’un dialogue politique inclusif en Libye.
Les appels de l’Algérie et de la Russie interviennent au moment où l’Egypte évoque une possible intervention militaire en Libye après le feu vert donné par son parlement à l’armée d’agir.
Les deux pays convergent sur la nécessité de mettre en œuvre les conclusions de la conférence de Berlin en dépit du fait qu’ils ne possèdent pas « une feuille commune » sur une sortie de crise en Libye. Moscou a loué le rôle primordial de l’Algérie à cette conférence à laquelle a pris part le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Sabri Boukadoum qui s’est déplacé à Moscou dans le sillage des efforts diplomatiques menés par la diplomatie algérienne pour empêcher l’embrasement de la Libye, a plaidé pour une solution pacifique à ce conflit, réitérant au cours de ce point de presse que l’Algérie « restait à équidistance vis-à-vis de toutes les parties libyennes ».
Actuellement, elle « s’attèle à éliminer toute cause menant à l’escalade militaire en Libye », a-t-il enchainé, expliquant que » la démarche de l’Algérie, dès le départ, était de travailler avec les partenaires concernés, en particulier les pays voisins » pour désamorcer cette crise.
« Tout ce qui impacte la Libye impacte l’Algérie, l’intérêt de tous réside en la paix dans ce pays », a-t-il déclaré.
Lavrov a, de son côté, plaidé pour « un rôle actif » des pays de voisinage (Algérie, Egypte, et Tunisie) dans le règlement de ce conflit, car leur sécurité nationale est tributaire de la stabilité de la Libye, relevant par ailleurs les concertations entre Alger et Moscou sur le règlement politique des conflits dans la région »,
Déplorant les séquelles désastreuses de l’intervention militaire de l’OTAN en Libye en 2011 qui s’est traduite par un afflux de terroristes et d’armes en Afrique, le ministre a regretté que les appels de l’Union africaine au règlement de la crise aient été ignorés.
Neuf ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours en proie aux violences et aux conflits, complexifiés par la présence accrue d’acteurs internationaux et la multiplication d’agendas pour ce pays.
La Libye, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux : le GNA, dont le siège est à Tripoli, et les forces de Khalifa Haftar, soutenus par le parlement de Tobrouk à l’Est.