AstraZeneca : l’autorité européenne se veut rassurante
DIA-16 mars 2021: Il faudra attendre jeudi après-midi pour que l’Agence européenne des médicaments (EMA) livre ses conclusions sur la sécurité du vaccin AstraZeneca, après la survenue de plusieurs cas de caillots sanguins et de thromboses, et l’annonce de trois décès suspects en Allemagne. Lors d’une conférence de presse montée en urgence, l’EMA s’est toutefois employée dès mardi après-midi à rassurer les citoyens européens mais aussi la quinzaine d’États membres qui ont suspendu le vaccin, dont l’Allemagne, la France et l’Italie.
« Nous sommes toujours fermement convaincus que les avantages dans la prévention du Covid-19, avec son risque associé d’hospitalisation et de décès, l’emportent sur le risque de ces effets secondaires », a martelé la directrice de l’agence, Emer Cooke, reprenant donc les termes du communiqué publié la veille. « Une situation comme celle-ci n’est pas inattendue. Quand on vaccine des millions de personnes, il est inévitable d’avoir des incidents rares d’effets secondaires néfastes. Notre rôle est de les évaluer pour que toute réaction adverse fasse l’objet d’une enquête rapide pour voir s’il s’agit d’un effet secondaire ou d’une coïncidence », a-t-elle argumenté en parlant de 30 cas identifiés pour 5 millions d’Européens vaccinés au 10 mars et en admettant que d’autres cas étaient remontés depuis.
Éviter la panique
L’agence prend donc « la situation très au sérieux ». Et l’objectif est bien de le faire savoir, en donnant aux citoyens européens un maximum d’informations et d’assurances sur la manière dont les cas posant question sont analysés. Alors que les contaminations sont en hausse en Europe, il faut coûte que coûte éviter la panique sur les vaccins. De la composition du comité d’évaluation des risques et de pharmacovigilance – qui rassemble des experts des autorités compétentes de l’UE, des représentants des patients et du secteur de la santé, et des experts des questions liées à l’embolie et aux thromboses – au suivi des incidents via la banque de données Eurovigilance, en passant par l’analyse des lots et les sites de production, rien n’est laissé au hasard. « Il nous faut des faits d’abord. On ne peut pas rendre de conclusion tant que l’on n’a pas fait d’analyse scientifique approfondie. C’est notre devoir envers les citoyens européens d’apporter cette réponse claire fondée sur la science », a analysé Emer Cooke.
Au cours de cet exercice d’équilibriste visant à informer de manière transparente sans créer le trouble, la directrice de l’Agence européenne du médicament a également indiqué que « quelques événements très rares de thromboses » avaient été observés sur les trois autres vaccins bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché (Pfizer, Moderna et Janssen). « Nous examinons les incidents pour tous les vaccins autorisés, a-t-elle précisé. Il semble que les chiffres soient similaires » avec ceux d’AstraZeneca.
Les messages rassurants adressés par l’Agence européenne des médicaments et l’Organisation mondiale de la santé n’ont pas empêché de nouveaux États membres de suspendre le vaccin AstraZeneca. Mardi, la Suède et Chypre sautaient à leur tour le pas. Le vaccin AstraZeneca est, depuis des semaines, l’objet de nombreuses tensions dans l’UE alors que le groupe anglo-suédois multiplie les retards de livraison depuis le début de l’année. La Commission européenne tente de faire face à ces aléas. Elle a annoncé mardi que l’UE recevra 200 millions de doses Pfizer/BioNTech au deuxième trimestre, soit 10 millions de plus que prévu. À ce stade, Bruxelles table sur 300 millions de doses tous vaccins confondus entre avril et juin.