DIA-24 juin 2020: La couverture médiatique, notamment audiovisuelle de l’enterrement de Laifa Ouyahia, frère du prévenu Ahmed Ouyahia, a donné une image qui n’honore ni le métier de journaliste ni le peuple qu’on est censé servir, a indiqué mercredi le ministre de la Communication, Porte parole du Gouvernement, Ammar Belhimer
Dans une déclaration à l’APS, M. Belhimer a indiqué que « la couverture médiatique, notamment audio-visuelle, de l’enterrement de Laifa Ouyahia, frère du prévenu Ahmed Ouyahia, a donné une image qui n’honore ni le métier de journaliste ni le peuple qu’on est censé servir, un peuple connu pour l’ancrage de ses valeurs de compassion devant la mort et de tolérance ».
« En effet, outre qu’elles consacrent le procédé indigne de l’humiliation, les images d’un ancien chef de gouvernement menottes aux poignets, éprouvé et abattu par la perte de son frère, exhibé dans un spectacle indigne relèvent de l’indécence morale », a-t-il encore martelé.
Il a affirmé, dans ce cadre, que ce qui s’est passé lors de cet enterrement « rappelle des images répugnantes qui nous avaient déjà marqué par le passé, plus précisément celles de l’actuel président de la République lors de l’inhumation de feu Réda Malek, moudjahid et ancien chef du gouvernement, le 30 juillet 2017, M. Tebboune, alors Premier ministre, avait semblé être marginalisé au milieu des rires et des étreintes entre certains hauts responsables de l’Etat, du secteur privé et du syndicat ».
Il a rappelé, à cet effet, l’interview accordée à la chaîne Al-Hayat, par le président Tebboune, qui « avait alors qualifié ce qui s’était passé de +provocation+ ».
« J’ai compris que c’était de la provocation, et j’avais méprisé leur acte. L’endroit (cimetière) ne convient pas au rire, en particulier, aux funérailles d’un symbole de la Révolution de libération (Réda Malek) », avait déclaré, à cette occasion, le Président Tebboune.
« Ces précédents témoignent malheureusement de deux grands maux qui donnent la mesure de la pauvreté du capital humain dans notre secteur, la déficience de la chaîne de valeurs éducatives et l’exercice médiocre de la profession », a déploré M. Belhimer.
Il a souligné, à cet égard, qu' »au cœur des valeurs éducatives qui régulent et cimentent les sociétés harmonieuses nous retrouvons, invariablement, le respect. Ce dernier commande de traiter avec de grands égards et à ne pas porter atteinte à qui ou à quoi que ce soit. Et ce, d’autant plus qu’au-delà de tout voyeurisme, le droit l’impose ».
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement a encore tenu à rappeler qu »‘ au cœur du droit, il y a ce que les juristes apprennent dès la première année au titre des fondamentaux du droit civil, le droit à l’image, entendu comme étant le droit sacré dont chacun dispose sur sa propre personne –et ce, quelle que soit sa conditions sociale-, comme le droit à l’intégrité physique et morale, le droit au respect de la vie privée, le droit à la dignité humaine ».
« Aussi, l’utilisation de l’image d’un prévenu, de surcroît personnalité publique, nécessite son autorisation expresse et spéciale, quels que soient l’espace et les circonstances où elle se produit. La protection de l’image est ainsi garantie dans les lieux privés comme dans les lieux publics », a-t-il relevé.
C’est ce qui a amené le ministre de la Communication à noter que « partout dans le monde, l’humanisation des conditions de détention fait prévaloir un certain nombre de droit fondamentaux ».
« Aussi, l’administration pénitentiaire doit garantir à tout détenu le respect de sa dignité et de ses droits contre toute atteinte, y compris médiatique », a-t-il rappelé à ce sujet.
M. Belhimer a conclu sa déclaration en indiquant : « j’ai déjà utilisé la formule +champ de mines et de ruines+ pour caractériser notre secteur de la Communication qui, au fil du temps, a accumulé les retards et les handicaps en termes de professionnalisme et d’évolution de l’offre éditoriale des médias écrits et audiovisuels ».
« Toutefois, je n’imaginais pas l’ampleur des déficiences, des déficits, des défauts et des malformations, voire même des tares, avec, fort heureusement et souvent à la marge, des avancées de la profession et des qualités, à titre individuel, de certains de ses acteurs », a-t-il souligné.