Borhane Alaouié, le doyen du cinéma libanais, n’est plus
DIA-09 septembre 2021: Le réalisateur libanais Borhane Alaouié et auteur du film « Kafr Kassem » est décédé hier à Bruxelles à l’âge de 80 ans d’un arrêt cardiaque après une longue maladie.
Né le 1er avril 1941 à Arnoun dans le Liban-Sud, jeune réalisateur de 33 ans – ayant accompli des études à l’Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion (Insas) de Bruxelles, de 1968 à 1973, et ayant fait ses armes à la CLT –, il tourne son premier long-métrage Kafr Kassem en 1974, son œuvre est immédiatement reconnue internationalement comme un des meilleurs films arabes de l’année, aux côtés du « Moineau » et de « La Terre » de Youssef Chahine. Ce long-métrage rigoureux et juste tourna les festivals (il fut sélectionné entre autres à la Semaine de la critique à Cannes et primé à Carthage). Pourtant, il tarda à être projeté au Liban. Prouvant, encore une fois s’il le faut, le fameux adage : nul n’est prophète en son pays.
Pour Borhane Alaouié, le cinéma arabe politique actuel est une « réalité indéniable ». Il fallait donc montrer au spectateur qu’il n’est pas dans une salle pour se droguer ou s’oublier mais pour « voir juste » une situation et l’assumer. Son prochain film, « Beyrouth, la rencontre », sorti en 1981, présenté à la Mostra de Venise (Lion d’or et grand prix du jury), signe sa collaboration avec le producteur tunisien Hassen Daldoul. Ils créent ensemble France Média, une maison de distribution et de production de films.
Chacun de ses films éblouit par sa puissance de poésie et de vérité, comme souvent de nostalgie. » De son premier court-métrage Affiche contre affiche (1971) à Khalass (2007), en passant par son premier long-métrage Kafr Kassem qui a reçu, en 1973, le Tanit d’or à Carthage. En film de fiction ou en documentaire (Beyrouth, la rencontre), il a instauré son langage personnel. Tout en sobriété. «
Après un premier retour au Liban en 1996, il était reparti en Belgique avec la nostalgie de revoir son pays natal. Il avait enfin envoyé en 2019/2020 un film quasiment inédit, accompagné d’un message verbal, dont la projection devait avoir lieu à Dar el-Nimer, mais avait été reportée à une date ultérieure. Ce film qui s’intitule de façon prophétique « Si le peuple un jour… » est constitué de fragments de propos et de réflexions spontanées sur la guerre du Liban, tenus par des adolescents des années 1990, tous nés au milieu d’un incompréhensible et sanglant conflit, formant un film non fictionnel où l’imagination ne pourrait pas errer hors de ce qui y aurait été clairement énoncé.