Confidentiel: Pourquoi l’Algérie n’a pas présenté ses condoléances pour le décès de Valéry Giscard d’Estaing?
DIA-04 décembre 2020: L’Algérie n’a pas présenté officiellement ses condoléances pour le décès de l’ex président français Valéry Giscard d’Estaing. Une absence de réaction de taille qui a étonné plusieurs observateurs algériens et étrangers, en raison de la relation qui lie cet ancien président français à l’Algérie.
Valéry Giscard d’Estaing a été le premier président français à effectuer une visite officielle en l’Algérie après que celle-ci eut obtenu son indépendance, en 1962. Le 10 avril 1975, il se rend en Algérie à l’invitation du président Houari Boumédiène. Au cours d’une réception, le président français déclare : « La France historique salue l’Algérie indépendante. » Boumédiène réagit en affirmant que « la page est tournée; l’Algérie est fille de son histoire ». D’abord tiède, l’atmosphère se réchauffe alors que les deux hommes circulent dans les rues d’Alger, Constantine et Skikda. Dans un communiqué, ils manifestent leur volonté de rapprochement et d’échanges sur le plan culturel et économique ainsi qu’un intérêt commun pour une redéfinition de « l’ordre économique international ».
Plus tard dans l’année, Giscard d’Estaing effectuera aussi des visites au Maroc et en Tunisie. Il invite également Boumédiène à venir à Paris à une date à déterminer, mais les relations entre la France et l’Algérie se sont détériorées suite à l’affaire du Sahara occidental et Boumédiene restera le seul président algérien à n’avoir jamais mis les pieds en France.
Le décès de Valéry Giscard d’Estaing n’a pas été médiatisé en Algérie et l’information a été diffusée comme une simple dépêche, comme le montre l’info publiée par l’APS. Ce n’est pas le même traitement que l’agence gouvernementale avait réservé à la mort de Chirac et de Mitterrand. On se souvient que lors du décès de Mitterrand, l’APS dont la direction de l’information était dirigée par Tewfik Khelladi, qui deviendra plus tard le directeur de communication de la Présidence puis DG de l’ENTV, avait bouleversé la feuille de route et mobilisé toutes ses équipes pour reprendre presque toutes les dépêches de l’AFP et dérocher les condoléances de tous les officiels algériens.
Mais cette fois, le décès de VGE n’a pas fait réagir Alger. Même le président du Conseil de la Nation par intérim Salah Goudjil, n’a pas présenté ses condoléances lors de son entretien téléphonique jeudi avec le président du Sénat français Gerard Larcher. Il y a une semaine, presque toute la classe politique algérienne a salué la mémoire de l’ex Archevêque d’Alger Henri Teissier.
Cette absence de réaction de l’Algérie au décès d’un homme qui a compté dans l’histoire des relations algéro-françaises, obéit selon certains observateurs à deux raisons essentielles : l’une est politique l’autre est protocolaire : L’intervention de Macron dans les affaires internes de l’Algérie, qui a été accueillie par une vague d’indignation de la part des autorités et de la classe politique et surtout l’absence du président Tebboune qui est en convalescence en Allemagne après son infection par le virus du Covid.
« Protocolairement », seul le président de la république est habilité à envoyer un message de condoléances suite au décès d’un président en exercice ou ancien président dont l’importance est liée à l’Algérie. Aucun haut responsable n’a pris le risque de faire cette démarche, même pas le ministère des affaires étrangères, qui est habilité à présenter ses condoléances à ses collèges étrangers. Le fait que VGE est un ex- président, le MAE n’est pas obligé voire contraint diplomatiquement à effectuer cette démarche.
Néanmoins, l’Algérie sera représentée à l’enterrement du président Giscard D’Estaing par l’Ambassadeur d’Algérie en France, au même titre que toutes les autres représentations diplomatiques accréditées dans la capitale française.