Décès du producteur français Jacques Perrin, qui avait offert à l'Algérie son Oscar à Hollywood - DIA
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Décès du producteur français Jacques Perrin, qui avait offert à l’Algérie son Oscar à Hollywood

DIA-21 avril 2022: Le producteur, réalisateur et comédien Jacques Perrin est mort ce jeudi à Paris à l’âge de 80 ans. Pour ceux qui ne le savent pas Jacques Perrin est un ami de l’Algérie. Il a produit un film qui offrira à l’Algérie son premier et unique Oscar à Hollywood.

Comédien à ses début entre le cinéma français et italien, il entame sa carrière de producteur en 1968 en Algérie, en produisant un documentaire très audacieux sur les essais nucléaires français à Reggane. Un documentaire qui a été supprimé de sa filmographie, en raison de la grave révélation sur les essais nucléaires français. La ville algérienne va d’ailleurs porter le nom de sa maison de production avec laquelle il produira son premier long métrage engagé « Z » avec le réalisateur grec Costa Gavras.

Fort de ses relations avec le cinéaste algérien Mohamed Lakhdar Hamina, c’est Jacques Perrin qui avait convaincu Costa Gavras en 1968, d’aller tourner le film en Algérie. Un pays qui avait une tradition de cinéma et un décor méditerranéen qui ressemblait à la Grèce.  Après avoir tourner son doc sur Reggane, Perrin avait établit d’excellentes relations avec les responsables algériens, notamment Chérif Belakcem, à l’époque ministre de l’économie. C’est ce dernier qui présenta le projet du film « Z » de Costa Gavras au ministre de l’information de l’époque, Mohamed Seddik Benyahia. Après avoir eu l’aval du président Houari Boumedienne, Benyahia convoqua Jacques Perrin et Costa Gavras et leur annonça que l’Algérie soutien le film, en offrant les décors, les hôtels, la logistique, des comédiens et des techniciens. Il signa sa coproduction avec l’ONCIC, la plus importante société de production en Afrique à l’époque. Jacques Perrin avec sa société Reggane Film était producteur du film à hauteur de 60%. C’est ainsi que démarra l’aventure du film « Z » en Algérie. Pour l’anecdote, Costa Gavras se maria au consulat de France à Alger et organisa son mariage à l’hôtel Saint Georges (Actuel El Djazair).   

A l’époque personne en France ou ailleurs en Europe ne veut financer ce film politique sur la dictature des colonels grecs. Perrin en fait une question d’engagement non politique mais personnel vis-à-vis de l’équipe, et obtient le soutien du cinéaste algérien Lakhdar-Hamina. « Je n’avais pas d’expérience, mais de la conviction. J’aime accompagner une idée, une position personnelle, comme celle de Costa-Gavras. Et je me suis rendu compte qu’en vous appuyant sur la nécessité, l’importance de faire un film, vous pouviez convaincre. En tant que producteur, je me considère comme le mandataire de la troupe. Je ne parle pas d’argent avec les banquiers, je parle d’un rêve à construire. »

En 1970, le film « Z » réalisé par Gavras offre à l’Algérie son seul et unique Oscar à Hollywood. Perrin avait placé le film au nom de l’Algérie car il s’avait très bien que s’il l’avait placé sous la bannière française, il n’aurait jamais été sélectionné par le CNC français. C’est ainsi que le précieux trophée a été remporté par l’Algérie et remis à Ahmed Rachedi à l’époque DG de l’ONCIC.   

Jacques Perrin était un homme engagé, travailla avec Gavras et surtout Yves Montand pour deux autres films très politiques « L’aveu » et « Etat de siège ».   

Le producteur Jacques Perrin dans le rôle d’un photographe de presse dans Z de Costa Gavras

Après Gavras, Jacques Perrin se lie également à Pierre Schoendoerffer, un ancien journaliste qui avait couvert la guerre d’Indochine et un militant de la paix. Un engagement politique et une amitié indéfectible. Il l’enrôle avec Bruno Cremer dans La 317e Section. Schoendoerffer revient dix ans après Dien Bien Phu, pour rendre hommage à ses frères d’armes en racontant les derniers moments des combattants de l’Indochine française. 

L’histoire de de Jacques Perrin et l’Algérie s’arrêta là, le producteur au calme légendaire poursuivra sa carrière cinématographique en faisant des films engagés et personnel et reviendra à l’Italie ou il travailla beaucoup avec Giuseppe Tornatore. On le verra d’ailleurs dans son plus beau passage dans le film « Cinema paradiso », notamment la scène finale avec la scène des baisers censurés.    

 Salim Aggar  

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