L’Algérie et la France commémorent l’assassinat de Mouloud Feraoun
DIA-17 mars 2022: Le ministre des Moudjahidines et des Ayants droit, Laid Rebiga, et l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, ont déposé mardi deux gerbes de fleurs devant la plaque commémorant l’assassinat, le 15 mars 1962 à Ben-Aknoun (Alger) par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), de six enseignants, dont le célèbre écrivain Mouloud Feraoun.
A cette occasion, M. Rebiga a souligné que ce recueillement est une « reconnaissance envers l’un des célèbres auteurs algériens, Mouloud Feraoun, tombé, en compagnie de cinq autres enseignants, sous les balles assassines de la sinistre OAS », rappelant que la ville natale de ce célèbre auteur, Tizi Hibel, abrite des activités commémorant le 60e anniversaire de son assassinat.
De son coté, l’ambassadeur de France a déclaré que « c’était la volonté du Président Macron que je puisse déposer, en son nom, une gerbe de fleurs à la mémoire de ces six enseignants assassinés, le 15 mars 1962, à quelques jours du cessez-le-feu et de la signature des accords d’Evian », qualifiant cet assassinat d' »événement tragique ».
Il a ajouté que sa présence à cette commémoration est « une marque de considération qu’a voulu exprimer le président de la République française en me chargeant de déposer cette gerbe de fleurs au lieu même de cet assassinat ».
Sur les hauteurs d’Alger, à Ben Aknoun, Mouloud Feraoun, auteur de plusieurs ouvrages dont la célèbre trilogie « le fils du pauvre », « les chemins qui montent » et « la terre et le sang » a été assassiné avec cinq de ses compagnons, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia, Etienne Basset, Robert Aymar et Max Marchands. Ils étaient tous inspecteurs des Centres socio-éducatifs (Cse), des structures créées pour venir en aide aux plus démunis, notamment en assurant des cours d’alphabétisation.
Né en 1913 dans le village de Tizi Hibel (Tizi Ouzou), où il a suivi l’essentiel de sa scolarité, Mouloud Feraoun a été reçu en 1932 au concours d’entrée de l’Ecole normale de Bouzareah à Alger. Diplômé il commence sa carrière d’enseignant et sera nommé instituteur dans son village natal en 1935.
Il a occupé les postes de directeur des cours complémentaires, de directeur de l’école Nador à El Madania, puis celui d’inspecteur des Cse jusqu’à son assassinat, quatre jours avant la signature des accords d’Evian et la proclamation du cessez-le-feu, le 19 mars 1962.
Son journal rédigé à partir de 1955 sera publié à titre posthume sous le titre « Journal 1955-1962 » ainsi que son roman inachevé « L’anniversaire », sorti en 1972 et « La cité des roses » resté inédit jusqu’en 2007.
Mellah hocine
Mouloud Ferraoun ne peut se suffira de quelques lignes pour parler de son oeuvre , de la profondeur de son âme pour cette société kabyle dans laquelle il avait vécu .
L’OAS , voilà une organisation sur laquelle on doit porter un éclairage , tellement l’histoire entre l’Algérie et la France n’en a que rarement parlé. Créée en février 1961, l’Organisation de l’armée secrète (OAS) a pour objectif premier d’empêcher la tenue des négociations prévues à Évian. Elle résulte des échanges entre des militants de l’Algérie française exilés en Espagne. Autour du général Salan, on trouve Pierre Lagaillarde, Jean-Jacques Susini, Marcel Ronda… Elle fait suite à l’annonce du projet d’autodétermination, accepté via le referendum du 8 janvier 1961 par 74, 99 % d’électeurs français. Mais c’est surtout après l’échec du putsch des généraux Salan, Challe, Jouhaud, Zeller en avril 1961, qu’elle prend de la consistance, l’Organisation s’employant alors à structurer et rationaliser ses forces. Ainsi le FLN et l’OAS, mais aussi l’OAS et l’État français se livrent-ils une guerre qui fait des victimes, évidemment dans les rangs de chacun, mais aussi au sein de la population civile.
On comprend par là que la composante de LOAS reste exclusivement française . Aujourd’hui la repentance française ne doit pas se porter exclusivement sur la colonisation et la guerre mais inclure ce chapitre qui a fait des victimes dans les deux camps.