Le 11 Mars 1956, le jour ou le MCA stoppa le championnat colonial en Algérie
DIA-14 août 2020: Suite à la polémique qui a envahi les réseaux sociaux ces derniers 48 heures concernant les circonstance du boycott du MCA au championnat colonial en 1956, et afin rafraîchir l’historique de la révolution riche en héroïsme et le sacrifice de nos braves et ce, pour consolider une passerelle intergénérations dont la préservation du parcoure patriotique de la communauté footballistique pendant la guerre révolutionnaire, durant laquelle, plusieurs sportifs et clubs musulmans algériens, ont exploité leur statut au profit de la cause nationale, et plus particulièrement lors de cette fameuse journée du 11 Mars 1956.
Tout a commencé un certain dimanche 11 Mars 1956, au stade de Saint-Eugène (Omar-Hamadi actuellement) à l’occasion du derby Algérois entre deux communautés ennemies « musulmanes et européennes », pour le compte de la 12e journée du championnat colonial, dans une confrontation impliquant la meilleure équipe européenne d’Algérie, en l’occurrence, l’AS Saint-Eugène (ASSE), face au Mouloudia d’Alger, qui n’est autre que le symbole de la communauté musulmane sous ses couleurs patriotiques de vert et rouge en signe de revendication à l’indépendance. Score final (1-1)
Ce Big match avait rappelons-le coïncidé avec la proclamation de l’indépendance du Maroc (le 02 mars 1956), mais aussi, avec les négociations franco-tunisiennes soldées par l’indépendance de la Tunisie quelques jours plus tard (20 Mars 1956) tandis-que, et contrairement aux voisins maghrébins, la situation en Algérie, était plus sanglante, après une année et demie du déclenchement de la guerre révolutionnaire du 1er Novembre 1954, durant laquelle, le colonialisme détenait entièrement les supports de la propagande pour manier l’opinion publique. A cet effet, l’approche de ce derby tant attendu, entre les deux communautés ennemies « européenne et musulmane » était l’une des occasions incontournables pour dénoncer la sauvagerie de l’occupant, et mettre un terme aux actualités complètement manipulées par le colonialisme.
Âgé de 20 ans à cette époque, Mohamed Maouche, l’ancienne gloire des onze de l’indépendance, entamait ses débuts avec l’équipe, de l’AS’ Saint-Eugène, (ASSE) en compagnie de son fidèle coéquipier Abdelhamid Zouba, il nous fait part de ses témoignages « samedi soir à la veille du match, aux environs de 18h00, j’étais en compagnie de quelques amis au parc des sports à Bab El Oued, quand un inconnu s’approcha et me demande de marcher à ses côtés, et au terme de quelques pas plus loin, il m’ordonne d’un air assez menaçant, de décliner ma participation moi et mes autres coéquipiers Algériens contre le MCA, tout en faisant allusion à, Zouba et Bouchache, j’ai essayé bien évidemment d’en savoir un peu plus, mais ce dernier, sans me donner plus de détails, m’indique que c’est une décision à exécuter sans poser trop de question »
Le jour « j », dès les premières heures de cette matinée du dimanche le 11 mars 1956, les fans mouloudéens plus nombreux, prenaient déjà position aux alentours du stade de Bologhine, à peine après l’ouverture des portes, les gradins étaient pratiquement tous inondés par les supporters des verts et rouge, d’ailleurs, l’intervention des CRS Français était inévitable pour libérer l’autre partie qui était initialement consacrée aux spectateurs européens. Alors qu’il avait 7 ans lors de ce match, Omar Betrouni, future joueur emblématique du doyen, était bel et bien présent dans cette rencontre en compagnie de son père (ce dernier, rappelons-le, est un martyr de la révolution), il nous raconte « il est vrai que ce match s’annonçait à haut risque, mais le nombre extraordinaire des CRS appréhendait une menace majeure »
En effet, restant sans défaite depuis l’entame de la saison, les européens qui dominaient le championnat local, n’avaient aucune intention d’enregistrer leur premier faux pas contre le Mouloudia, le début de la rencontre était d’ailleurs, en leur faveur, en ouvrant la marque a la première période du match, mais coup de théâtre, a 10 min de la fin de ce débat, le MCA, hanté par son esprit patriotique, égalise à la 80′ grâce à la réalisation de son attaquant, LEKHAL HAMADI, Soudain ! Une bagarre générale s’éclate avant de se transformer aux graves émeutes et pour cause,
La célébration du but égalisateur, a fait surgir, une banderole verte portant une grande étoile rouge entourée d’un croissant de la même couleur du côté des gradins musulmans, comme signe de revendication à l’indépendance, une manœuvres qui a été sauvagement réprimée causant au passage des scènes de violences atroces suivies des arrestations musclées et des incendies sur tous les axes menant au stade, mais surtout, la tombée de plusieurs martyrs, 30 selon la version officielle et plus de 100 selon les témoins.
L’ampleur des dégâts a eu l’écho sur tout le territoire du pays. Sous l’effet de l’émotion, les dirigeants du Doyen, décident alors, de boycotter le reste des compétitions sportives coloniales toute discipline confondue. Aussitôt que cette mesure est passée en exécution dans la journée du 13 mars 1956, d’autres clubs musulmans Algériens, dix-huit au total à l’instar, d’USM Blida (USMB), USM Oran (USMO), le NA Hussein Dey (NAHD), USM Alger (USMA), RC Kouba (RCK), l’USM Bel Abbès (USMBA) USM Marengo (HADJOUT) et plein d’autres clubs liés par la cause nationale, ont tous opté pour la même décision en solidarité avec leurs homologues mouloudéens . Ils n’ont repris leurs activités, qu’après l’indépendance de l’Algérie en 1962.
A noter, que seul un club universitaire, sis à la commune de Ben Aknoun sur les hauteurs d’Alger, rend régulièrement hommage à cet événement, selon l’organisateur de cette initiative, Belkheir Abderrezak, un cadre à la DJS d’Alger, explique « la commémoration de cette journée historique est l’occasion idéale pour rapprocher les supporters les uns des autres afin de pouvoir éradiquer définitivement la violence de nos stades grâce à notre histoire révolutionnaire, le but est de valoriser la solidarité qui régnait auparavant entre nos ancêtres dans les stades durant la période du colonialisme ». A-t-il dit.