Le Bahreïn établit des relations diplomatiques avec Israël et met fin à la ligue arabe
DIA-11 septembre 2020: Après les Emirats arabes unis mi-août, le minuscule royaume de Bahreïn est le second état du Golfe à établir des relations diplomatiques avec l’ancien ennemi, Israël. L’annonce en a été faite vendredi par Donald Trump depuis la Maison-Blanche, où mardi prochain le président américain doit recevoir pour une cérémonie officielle le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et le chef de la diplomate émirienne cheikh Abdallah bin Zayed al-Nayan, auquel devrait se joindre le prince héritier bahreïnien, cheikh Salman ben Hamad al-Khalifa.
Cette relation diplomatique controversé a mit un terme à la ligue arabe qui avait battit sa force sur le rejet de l’Etat hébreu. Après l’accord avec les Emirats arabes, la ligue ne sait pas prononcé et aucun pays arabe n’a dénoncé cette relation. Seul l’Iran et la Turquie, deux pays non arabes qui avaient dénoncé l’accord entre Tel Aviv et Abou Dhabi.
Le royaume de Bahreïn, qui compte une petite communauté juive, n’a jamais été – ces dernières années du moins – hostile à Israël, avec lequel il partage la même crainte vis-à-vis de l’Iran. Une crainte d’autant plus forte que Bahreïn est le seul état du Golfe à avoir une population à majorité chiite, souvent encore discriminée par le pouvoir sunnite.
Bahreïn, qui abrite la Ve Flotte américaine dans le Golfe, est très proche de l’Arabie saoudite. Sollicitée ces dernières semaines par les États-Unis pour emboîter le pas à Abou Dhabi, Riyad – le vrai poids lourd du Golfe – a dit non, le roi Salman rappelant l’attachement traditionnel du royaume saoudien – gardien des lieux les plus saints de l’islam – à la cause palestinienne et à un règlement fondé sur la solution des deux états. À l’issue de la récente tournée dans le Golfe, mais aussi au Soudan, du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, Bahreïn avait pourtant paru, lui aussi, dire non à la requête américaine d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Depuis, d’intenses pressions ont dû être exercées en coulisses.
Si elle ne va pas modifier fondamentalement la donne diplomatique, cette nouvelle avancée est surtout un succès que Donald Trump peut afficher, à moins de deux mois d’une élection présidentielle à l’issue très incertaine. Étant donné la dépendance de Bahreïn à l’égard de l’Arabie, la normalisation des relations entre Manama et Tel-Aviv n’a pas pu se faire sans un aval saoudien. Une façon probablement de compenser le niet de l’allié saoudien de Donald Trump.
«Le roi du Bahreïn a été le premier à proposer l’an dernier aux Saoudiens et aux Émiriens de faire une offre de paix entre Israéliens et Palestiniens, rappelle un observateur contacté par téléphone à Manama. Une conférence eut lieu alors à Bahreïn, mais les Palestiniens refusèrent d’y participer. Donald Trump mit ensuite une pression terrible. Les Émirats ont alors pris le lead de la reconnaissance d’Israël, décrypte l’observateur, mais à Bahreïn, on s’est toujours bien entendu avec les Israéliens qu’on appelle les cousins.»
Petite monarchie pétrolière du Golfe, Bahreïn était notamment représenté à Washington fin janvier lors de la cérémonie d’annonce du plan de l’administration Trump pour le Moyen-Orient, qui prévoit la normalisation des relations entre des pays arabes et Israël, l’annexion de pans de la Cisjordanie occupée par l’État hébreu et la création d’un État palestinien sur un territoire réduit.
Saëb Erekat, le négociateur en chef des Palestiniens, a annoncé le rappel de l’ambassadeur palestinien à Bahreïn. «L’accord entre Bahreïn et Israël est un coup de poignard dans le dos de la cause palestinienne et du peuple palestinien», a déclaré à l’AFP Ahmad Majdalani, ministre des Affaires sociales de l’Autorité palestinienne. «Il s’agit d’une agression contre notre peuple (…) qui constitue un grave préjudice à la cause palestinienne», a renchéri le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, territoire palestinien de deux millions d’habitants. Cet accord avec Bahreïn n’aurait pas été possible sans l’appui de l’Arabie saoudite, a affirmé à Ramallah, un haut responsable palestinien requérant l’anonymat.
Chef de file des monarchies arabes du Golfe, l’Arabie saoudite n’a pas annoncé de normalisation de ses relations avec Israël mais a confirmé début septembre qu’elle allait permettre aux vols entre les Émirats et Israël de traverser son espace aérien. Par le passé, la résolution du conflit israélo-palestinien était considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation des relations entre Israël et le reste du monde arabe. Mais ces dernières années, Israël et les États-Unis ont tenté de convaincre des acteurs de la région de renverser l’équation et de normaliser leurs relations avec l’État hébreu sans paix préalable israélo-palestinienne, ce qui ulcère le leadership palestinien.