Les véritables raisons de l’annulation de la visite en Algérie du Premier ministre français Jean Castex
DIA-08 avril 2021: Le Premier ministre français Jean Castex ne se rendra comme prévu en Algérie, dimanche, comme nous l’avons annoncé dans DIA où il devait engager une nouvelle étape dans le rapprochement bilatéral engagé par les présidents des deux nations. C’est le troisième fois que la visite du PM français est reportée.
Le comité intergouvernemental franco-algérien, prévu dimanche en Algérie en présence du Premier ministre français Jean Castex, est reporté sine die « compte tenu du contexte sanitaire », a annoncé jeudi Matignon à l’AFP. « L’épidémie de Covid-19 ne permettant pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes », le comité « est donc reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable », a ajouté Matignon.
Mais en réalité et selon sources concordantes françaises et algériennes, la taille de la délégation ministérielle française, réduite à trois ou quatre membres du gouvernement en raison de l’épidémie, est à l’origine de cette annulation. Cette dernière a été jugé insuffisante par les autorités algériennes, ce qui a précipité cette annulation de la visite. « Le format de la délégation n’est pas à la hauteur » selon Alger, a ainsi indiqué une source française ayant connaissance du dossier.
« La visite à été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier », a confirmé une source algérienne à l’AFP.
La visite du Premier ministre français devait marquer une nouvelle étape dans le réchauffement bilatéral engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.
Il s’agissait ainsi de tenir pour la première fois depuis décembre 2017 un « Comité intergouvernemental de haut niveau » (CIHN), co-présidé par Jean Castex et son homologue Abdelaziz Djerad, afin de faire le point notamment sur la coopération économique entre les deux pays.
Mais ce comité franco-algérien a été reporté à plusieurs reprises. D’abord à cause du mouvement de protestation populaire du « Hirak » qui avait conduit à la chute du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, à cause de la crise sanitaire mais aussi l’état de santé du président Tebboune n’ont pas permis la tenue récente d’une nouvelle édition de ce CIHN.
Plusieurs sujets étaient sur la table – économique, sécuritaire, éducation, culture – et des accords « dans quelques domaines de coopération » devaient être signés, avaient indiqué Matignon, sans apporter plus de précisions.
AFP/Amir Hani
Mellah hocine
La France reste toujours présente dans l’évolution politique de l’Algérie et l’opinion algérienne n’ignore rien du contexte régional et international dans lequel se situe le Hirak. Cette societe est largement informée de la nature des relations du régime algerien avec l’extérieur et la politique étrangère de l’Algérie est, depuis fort longtemps,, principalement dominée par la volonté de présenter le régime sous le meilleur jour possible aux Occidentaux dont les opinions publiques sont sensibles à la cause des droits humains.
La désignation d’Abdelaziz Bouteflika en tant que chef de l’État par le collège de décideurs en avril 1999 est appuyée par les relais politiques externes du régime, à Paris notamment,en témigré là lange for mait risée et vehiculee par ce diplomate hors pair. La diplomatie algérienne a fait profil bas tout au long de la période Bouteflika ; son désengagement du continent africain, où elle était traditionnellement présente avant même l’indépendance du pays, en est une expression éloquente.
Les interventions militaires extracontinentales, celles de la France d’abord, appuyée par l’UE et États-Unis, ont sonné le glas des accords politiques en imposant des solutions de force, aussi vaines au Sahel qu’ailleurs sur la planète. L’Algérie réprouve ces expéditions guerrières , mais paradoxalement autorise à nouveau le survol de son territoire par l’aviation militaire française à qui elle fournit du carburant à la frontière malienne. La sécurité nationale et l’unité territoriale n’est pas directement en cause : le peuple algérien instruit par l’histoire et les réalités contemporaines n’accepte pas l’importation de djihadistes sur son sol et n’est pas prêt à accueillir les aventuriers internationaux du djihad wahhabite tels que ceux qui ont mis la Syrie à feu et à sang. Ces relations alambiquées entre les deux pays ne sous estiment pas la valeur du peuple algérien , notamment ce Hirak qui s’est forgé par la force des choses comme un partenaire non négligeable.
Chaque geste de la France , chaque manoeuvre, vis à vis de l’Algérie, est mille fois réfléchie , bien que la présence de la France en Algérie en soit pas un secret.