Liban : le premier ministre annonce la démission du gouvernement - DIA
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Liban : le premier ministre annonce la démission du gouvernement

DIA- 10 août 2020: La pression devenait trop forte. Six jours après l’explosion qui a sinistré Beyrouth, le gouvernement a fini par tomber. Le premier ministre a annoncé à 19 h 30 qu’il présentait sa démission, affirmant avoir tout fait pour répondre aux aspirations au changement des Libanais, mais s’être heurté à un « mur très épais ». La catastrophe qui a frappé le pays n’est selon lui que le symptôme du « système de corruption qui étouffe et asservit l’État et ses institutions », a dénoncé Hassan Diab. Le président Michel Aoun a accepté sa démission mais lui a demandé d’expédier les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.

Les jeux étaient déjà faits dans la journée lorsque plusieurs ministres ont annoncé qu’ils jetaient l’éponge. La vague des démissions avait déjà commencé la veille de la détonation dans le port de Beyrouth, car cette catastrophe s’ajoute en réalité à une autre, antérieure, tout aussi dévastatrice pour le pays, à savoir la crise financière qui a éclaté au grand jour en octobre dernier. L’incapacité du gouvernement Diab à mettre en œuvre un plan de sauvetage est apparue au grand jour lorsque les négociations avec le Fonds monétaire international ont dû être interrompues : les options adoptées par le cabinet étaient désavouées par les tenants réels du pouvoir oligarchique qui est aux commandes du Liban depuis trois décennies.

Face à ces deux crises conjuguées, chacune d’une ampleur inégalée, quelque chose devait céder. Le Parlement faisant de la résistance – ni l’idée de raccourcir la durée de la législature, ni celle de la démission des principaux groupes parlementaires n’ayant été suivies -, le gouvernement était le fusible le plus facile. Sa formation, à la suite de la démission du premier ministre Saad Hariri sous la pression de manifestations géantes entamées le 17 octobre 2019, faisait déjà office de tentative de colmatage pour le système de pouvoir.

Conspuée dans la rue, la classe politique s’est alors fait représenter par des « technocrates » prétendument indépendants. Certains ministres l’étaient à titre individuel. Mais il est très vite apparu que les ficelles de l’exécutif étaient tirées en coulisses. « Je me suis battue sur plusieurs dossiers, mais nous étions confrontés à un système qui nous dépasse. Du plus petit au plus grand dossier que j’ai eu à traiter, j’ai acquis la conviction de la nécessité absolue d’une refonte du système politique libanais fondée sur un partage confessionnel du pouvoir. La démission du gouvernement ne résout rien en soi », déclare au Figaro, la ministre de la Justice démissionnaire, Marie-Claude Najm.

Les manifestations ont succombé à la violence.
Professeur de droit respectée, elle a beaucoup déçu ceux qui réclament des réformes. « Je n’ai pas démissionné plus tôt car j’avais encore espoir de faire avancer les choses dans mon ministère. Après la catastrophe du 4 août, je me devais de ne plus accepter aucun compromis. » Avant de rendre son tablier, la ministre a transmis l’enquête sur la déflagration du port de Beyrouth à la Cour de justice, une cour d’exception présidée par un magistrat dont la probité n’a jamais été mise en doute, dans un pays où le pouvoir judiciaire est soumis à l’ingérence ostensible du politique. « J’espère que ce dossier permettra à la justice libanaise de regagner la confiance des Libanais, car nous ne pouvons pas nous en remettre à chaque fois à la justice internationale », poursuit Marie-Claude Najm, selon qui des experts français qui ont inspecté le site de l’usine AZF à Toulouse ont en tout cas été sollicités dès le début de l’enquête. De même que des experts français mandatés par le parquet de Paris, en vertu d’accords bilatéraux liés à la présence de ressortissants français parmi les victimes.

Manœuvres dilatoires
Pour l’instant toutefois, la défiance des citoyens est à son comble. D’autant que le scénario d’un véritable changement politique reste plus qu’incertain. « La question clé reste de savoir quand la multitude de groupes qui sont descendus dans la rue formera un mouvement politique en mesure, non pas de condamner le système de pouvoir criminel au Liban, mais d’imaginer et de travailler à en établir un autre », interroge le politologue Karim Makdessi.

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