Pourquoi le cinéma français investit en Algérie ? (Vidéo) - DIA
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Pourquoi le cinéma français investit en Algérie ? (Vidéo)

DIA-06 mai 2023 : Au moment où « La Reine d’Alger« , un film franco-algérien sur la période ottomane en Algérie est en train de battre tous les records d’un film algérien en France, avec plus 41.713 spectateurs en deux semaines à travers plus de 70 copies soit une moyenne de 234 spectateurs par salles, un autre film français qui parlera de l’Algérie sortira le 24 mai en salle, mais avec plus de 300 copies : « Omar la Fraise« . Le film sortira en même temps en France et en Algérie, ont annoncé cette semaine lors d’une soirée, l’équipe de la société algérienne « 2 horloges » de Yacine Medkour, qui était chargée de la production exécutive du film en Algérie. Il faut préciser que le réalisateur du film n’est autre qu’Elias Belkeddar, le même technicien qui a réalisé le clip de Dj Snake « Disco Maghreb », qui avait remis au goût du jour le rai national sur la planète. D’ailleurs, le réalisateur qui est né en France avait déjà tourné un court métrage en Algérie « Jour de mariage » en 2018, presque dans les mêmes endroits et avec la société algérienne « 2 horloges ». Un film qui lui a permis d’être sélectionné au Festival de Cannes à la 57e Semaine de la Critique. Avec son premier long métrage « Omar la Fraise ».  La particularité de ce film est qu’il a été tourné dans les mêmes décors que le clip Disco Maghreb, notamment la cité des 200 colonnes de Climat de France. Le film qui est produit par le studio Canal+ a misé le décor exclusivement tourné en Algérie. Le film n’a rencontré aucun problème pour tourner en Algérie. Et pourtant, les deux comédiens principaux Réda Kateb et Benoit Magimel ont travaillé sur deux films sur la guerre d’Algérie qui n’ont pas été tournés en Algérie, mais au Maroc. Benoit Magimel avait joué dans le film « Ennemi Intimes » de Florent Siri en 2007 et « Réda Kateb » avait tourné un rôle principal dans le film « Loin des hommes » réalisé par David Oelhoffen en 2014.  Les deux comédiens ont présenté ces films en Algérie et ont reçu un accueil plutôt mitigé.  Le film « Ennemi Intimes », qui évoque le massacre de Melouza a été très mal perçu par Alger au point que le ministère de la Culture qui a été derrière la projection du film à Alger, a été obligé de revoir le texte sur les films qui évoque la révolution, imposant à tout producteur de passer par une commission de validation installé au Ministère des Moudjahidines. Le premier ministre de l’époque, Ahmed Ouyahia, qui avait instruit Khalida Toumi, de changer le texte, avait déclaré : « On ne badine pas avec l’histoire de la révolution ». Depuis, Benoit Magimel qui avait joué dans « Ennemi intimes » n’avait jamais pu revenir en Algérie. Alors qui « Réda Kateb », qui n’avait pas été reçu par la ministre de la Culture de l’époque en 2014, Mme Nadia Labidi, lors de la projection de son film à la salle El Mouggar était retourné en France avec une mauvaise opinion sur son pays d’origine.  Les deux hommes sont revenus en Algérie avec un nouveau film français, mais cette fois sur une personnalité populaire, très loin des faits historiques. Mais ce film français, qui n’aborde pas les sujets qui fâchent, en plein débat sur l’héritage mémoriel,  a été tourné dans des décors construit par la colonisation. La cité Climat de France construite par Fernand Pouillon construite en 1957 et Le château « hanté » des Deux Moulins de Raïs Hamidou qui fût la propriété d’une Duchesse Française du 19ᵉ siècle et construit dans les années 1930. Elle était connue durant la colonisation comme la villa Florentine ou encore le château Grandval, du nom de son constructeur. Le site a été transformé en école avant d’être détruit par un attentat de l’OAS en 1962. Depuis l’indépendance et le départ des Français, le château était abandonné jusqu’à devenir une maison maudite et hantée. Il fût réhabilité par l’ex wali d’Alger Zoukh et transformé en site touristique.  Le choix de ses décors historiquement symboliques n’est pas fortuit. La nostalgie de la présence française en Algérie, mais aussi les couleurs bleu azur du pays, font partie du cahier de charges de certains producteurs français, qui voit en l’Algérie, un décor encore rentable cinématographiquement et commercialement. À côté de la société d’Elias Belkeddar, Iconoclast, il y a également la société française Chi-Fou-Mi-Productions, qui a produit notamment le film « Novembre » sur les attentats de Paris au Bataclan. Les producteurs français se suivent et se ressemblent, on se souvient de Michelle Gavras, (Mon colonel) Phillipe Faucon (La Trahison), Alexandre Arcady (Là-bas mon pays, Ce que doit le jour à la Nuit), Yasmina Benguigui (Sœurs) ou encore les franco-algériens Djamel Bensalah (Il était une fois dans l’Oued) Rachid Bouchareb (Hors la loi), ont tous tourné en Algérie avec des moyens importants du cinéma français, cherchant parfois dans le pays cette lumière cinématographique qui n’existe pas en France. Mais que gagne le cinéma algérien dans cet échange cinématographique ? Les résultats de l’accord de coproduction entre la France et l’Algérie signé en décembre 2008 n’ont jamais établi. La Commission mixte qui devait être créé entre les deux institutions, le CNC français et le CADC du côté algérien n’a jamais vu le jour. Rien de concret en matière de coopération et d’échanges de services entre les deux pays, contrairement à ce qui a été fait entre la France et le Maroc. Le film « Omar la fraise » sera projeté en sélection officielle Hors Compétition au Festival de Cannes avant le 24 mai, alors qu’aucun film algérien n’est sélectionné en compétition officielle sur la croisette et que Mohamed Lakhdar Hamina qui reste le seul cinéaste arabe et africain à décrocher la Palme d’or en 1975 pour un film « non produit par la France », n’a jamais été invité comme jury ou président de jury au festival, alors qu’il est citoyen de Cannes.

Salim Aggar 

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