Selon le Monde, l’Algérie n’a pas interdit aux Noirs l’accès aux bus et aux taxis
DIA-27 novembre 2017: L’affaire a fait grand bruit de part et d’autre de la Méditerranée : l’Algérie aurait interdit aux Noirs de prendre autobus et taxis. Si une circulaire ministérielle a effectivement enjoint aux conducteurs d’exclure de leurs habitacles les « migrants illégaux » avant d’être retirée, il n’a jamais été question d’exclure les Noirs des transports.
Ce que dit la rumeur
Dans un article publié le 1er octobre, le site Africa24.info – à ne pas confondre avec la chaîne de télévision Africa 24 – dénonce la supposée interdiction faite aux personnes noires de prendre les transports en bus et en taxi :
« L’Algérie vient d’interdire aux Africains de prendre les transports en bus et taxi, une nouvelle expression du comportement raciste de l’Etat envers les migrants subsahariens. Cette chosification rappelle le comportement des nazis contre les juifs, légitime les actes passés et prépare un pogrom. »
Le site, qui a l’apparence d’un média d’information mais écrit dans ses « conditions d’utilisation » que « certains articles sont des mensonges » et a été récemment déréférencé par Google, accompagne l’article d’une photo d’une directive émanant, selon lui, du ministère des transports algérien. L’« information » a été massivement relayée par de nombreux sites, comme Abidjantv.net, metrodakar.net, europe-israel.org, le360.ma ou encore sen360.fr.
Pourquoi c’est faux
La directive photographiée dans l’article d’Africa24.info est authentique. Elle émane de la wilaya (division administrative) de Mostaganem, ville portuaire située à l’ouest d’Alger, et est datée du 24 septembre.
En revanche, elle n’interdit pas aux Noirs l’accès aux bus et aux taxis, mais signifie aux chauffeurs de taxis longue distance et aux chauffeurs d’autobus qu’ils n’ont désormais plus le droit de transporter des « migrants illégaux ». Comme le rapporte le Huffpost Maghreb, cette instruction ministérielle se conclut en menaçant du « retrait de permis de transport » tous les conducteurs qui n’appliqueraient pas cette règle.
Cette directive a provoqué un tollé – plusieurs médias nationaux, à l’instar du quotidien algérien El Watan, se sont engagés en faveur de sa suppression. Cette dernière est survenue trois jours après sa publication, après un déferlement de réactions indignées sur les réseaux sociaux. Selon le Huffington Post, la direction des transports de Mostaganem a présenté ses excuses.
In Le Monde