Tentative de déstabilisation en Jordanie : L’Algérie apporte son soutien au roi Abdallah
DIA-05 avril 2021: L’Algérie a fait part de son soutien à la sécurité et à la stabilité en Jordanie, a indiqué dimanche un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE
« L’Algérie suit avec grand intérêt les développements dans le Royaume hachémite de Jordanie et exprime son soutien à la sécurité et à la stabilité dans ce pays frère, conformément à son principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats », lit-t-on dans le communiqué du MAE.
Depuis samedi, Hamza Ben Hussein, âgé de 41 ans auquel son demi-frère, le roi Abdallah, retira son titre de prince héritier au profit de son fils Hussein, est assigné à résidence dans son palais d’Amman, où ses lignes téléphoniques et l’internet ont été coupés. Après lui avoir rendu visite, le chef d’état-major, le général Youssef Huneiti, a affirmé samedi que Hamza avait été «appelé à arrêter des activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume».
Dimanche, alors que des véhicules blindés étaient stationnés près de certains palais et que les communiqués de soutien à Abdallah affluaient des États-Unis et des pays arabes, les autorités ont livré des informations sur cette tentative de déstabilisation. Une «personne ayant des liens avec les services de sécurité étrangers a été en contact avec la femme du prince Hamza et lui a proposé de mettre à sa disposition un avion pour qu’elle quitte la Jordanie vers un pays étranger», a déclaré lors d’une conférence de presse le vice-premier ministre, Ayman Safadi. Des personnes autour du prince ont eu des contacts avec des «parties étrangères», a-t-il ajouté. La quinzaine de personnes arrêtées seront déférées devant la Cour de sûreté de l’État, a précisé Safadi, mais pas Hamza, le roi ne voulant pas humilier un prince.
Dès samedi soir, Amman affirmait que parmi les personnes arrêtées figuraient Chérif Hassan Ben Zaid, autre membre de la famille royale, et Bassem Awadallah, ex-ministre et conseiller du roi Abdallah, devenu homme d’affaires à Dubaï, mais aussi conseiller du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman et membre du Conseil consultatif de Richard Attias Associates, groupe de communication en partie détenu par MBS. «Les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza Ben Hussein, de Cherif Hassan Ben Zaid et de Bassem Awadallah et d’autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie», a expliqué le vice-premier ministre. «Les enquêtes ont permis de surveiller les interventions et les contacts avec des parties étrangères», a ajouté Ayman Safadi, également ministre des Affaires étrangères.
L’Arabie comme les Émirats arabes unis et le Qatar ont apporté leur soutien au roi Abdallah. Mais depuis les accords d’Abraham qui ont consacré l’an dernier le rapprochement entre Israël et certains pays du Golfe sur le dos des Palestiniens qui constituent une bonne moitié de la population jordanienne, Amman est parfois en conflit avec l’Arabie, les Émirats et l’État hébreu. «La Jordanie craint que l’Arabie profite de ses bonnes relations avec Israël pour prendre le contrôle des lieux saints musulmans à la mosquée sacrée d’al-Aqsa à Jérusalem qu’Amman gère jusqu’à maintenant», a déclaré un ancien diplomate français en poste à Jérusalem et à Amman, rapporte le Figaro.
Ces dernières semaines, les relations se sont également tendues entre Amman et Tel-Aviv. Israël a refusé l’accès sur son territoire au prince héritier jordanien qui voulait se rendre à al-Aqsa. En riposte, le roi Abdallah a interdit le survol du territoire jordanien au premier ministre Benyamin Netanyahou, obligeant ce dernier à annuler son premier déplacement chez ses nouveaux alliés des Émirats.
Pour expliquer cette crise, il faut remonter aux derniers jours du roi Hussein début 1999, lorsque sur son lit de mort, le «petit roi» passe le pouvoir à son fils Abdallah, né d’un de ses quatre mariages, et non à son frère le prince héritier, Hassan, qui a commis l’erreur de l’enterrer trop tôt. Mais, poussé par sa dernière épouse, la reine Noor, une Américaine qui a pris la défense de Hamza en dénonçant samedi «une calomnie», le roi Hussein exige que Hamza soit nommé prince héritier. Il est alors âgé de 19 ans. Mais cinq ans plus tard, Abdallah revient sur son engagement et nomme son fils à la place de son demi-frère.
Ces derniers temps, d’après un politologue jordanien cité par l’AFP, le prince Hamza avait «multiplié devant son cercle d’amis les critiques contre ce qu’il qualifiait de corruption au sein du pouvoir». Les très efficaces services de renseignements jordaniens sont passés à l’action.
Amir Hani