Tina Turner, la reine du rock n’Roll, est morte à 83 ans (Vidéo)
DIA-24 mai 2023: La chanteuse américaine, naturalisée suisse, Tina Turner, est morte à l’âge de 83 ans, selon un communiqué publié sur son compte Instagram officiel. «C’est avec une grande tristesse que nous annonçons la mort de Tina Turner», indique le communiqué, ajoutant que la chanteuse laissait «derrière elle sa plus grande oeuvre : sa musique».
Surnommée la «Reine du Rock ‘n’ Roll», Tina Turner était considérée comme l’une des plus grandes artistes de tous les temps, connue pour des succès tels que What’s Love Got to Do with It et (Simply) The Best.
Phénomène
Née Anna Mae Bullock dans le Tennessee en 1939, elle avait pris sa retraite en Suisse, dans sa maison de Küsnacht, près de Zurich, auprès de son second époux, Erwin Bach, un ancien cadre de maison de disques. L’artiste est morte paisiblement des suites d’une longue maladie, a indiqué son agent. Tina Turner a commencé sa carrière dans les années 1950, pendant les premières années du rock and roll, avant de devenir un véritable phénomène.
Veste en jean courte, mini-jupe, talons aiguilles et cheveux blonds hérissés, Tina Turner a incarné à elle-seule le style des années 1980 dans le clip de sa chanson What’s Love Got to Do with It, où elle déambule dans les rues de New York. La légende a su parfaitement s’adapter au paysage pop des années 1980. Elle a ainsi remporté six de ses huit Grammy Awards dans les années 1980.
La revanche d’une superstar
Cette vie rangée chez nos voisins helvètes – elle avait quitté la scène depuis plus de dix ans – est aux antipodes des années qu’elle a traversées auprès de Ike Turner. En révélant son talent de chanteuse, ce pionnier du rock avait fait d’elle une créature soumise à force de mauvais traitements et d’humiliations.
La superstar n’avait pas hésité à parler publiquement des abus qu’elle avait subis de la part de son ancien mari, le guitariste Ike Turner, lors de leur relation dans les années 1960 et 1970. Elle avait évoqué les violences, des mâchoires cassées, des blessures pour lesquelles elle s’était rendue aux urgences à plusieurs reprises.
Personne ne donnait cher de sa peau après leur séparation. «Quand j’ai quitté Ike, j’avais un peu de monnaie dans mes poches, une carte de carburant pour ma voiture, et aucun projet. Mais j’étais alors plus heureuse que je ne l’avais été depuis des années. J’ai adoré cette indépendance. Je me suis mise à croire en moi, et à me persuader que tout allait bien se passer pour moi. Et… cela a été le cas !», confiait Tina Turner au Figaro.
Plus qu’elle ne l’espérait même : elle est devenue une superstar au milieu des années 1980, imposant son charisme et son allure de lionne sur les scènes du monde entier. En 1986, elle publiait sa première autobiographie, Moi, Tina, adaptée au cinéma sous le titre Tina. Il était aussi question de résilience dans le second autoportrait qu’elle publiait en 2019, Tina Turner, autobiographie.
Dans ce livre, la chanteuse évoquait sa carrière dont le déroulement a connu plus de succès à l’étranger qu’aux États-Unis. «Il me semblait qu’en Europe régnaient moins de discrimination et plus d’enthousiasme. Les autres artistes m’y ont accueillie à bras ouverts, mon public grandissait constamment, et mes admirateurs étaient incroyablement loyaux et fidèles. Je n’oublierai jamais le soir où j’ai dû annuler un concert en Suède à cause d’une infection des sinus. Au lieu d’être en colère, le public était si inquiet pour ma santé que les gens ont applaudi et crié pour montrer leur attention. J’ai reçu des cartes postales, des lettres et même des fleurs ce soir-là », se souvenait-elle.
Lorsqu’on lui demandait quel était son meilleur moment musical, Tina Turner évoquait ce jour où elle a interprété Tonight avec David Bowie pour un clip vidéo. «J’ai senti que nous étions tous deux traversés par la même magie», disait-elle. Une magie identique naissait lorsqu’elle mettait ses tripes dans Private Dancer. Cet album contient le single roi de toute sa carrière, What’s Love got to do with it. Cette chanson qui lui vaudra le Grammy de meilleur enregistrement de l’année en 1985, écrite par Terry Britten et Graham Lyle, aurait dû être interprétée à l’origine par Cliff Richard mais à cause d’un malentendu elle passe entre plusieurs mains avant d’échoir à Tina Turner. Le tube a rejoint le panthéon de la musique mondiale en obtenant en 2012 un Grammy Hall of Fame. «Pour moi, chanter, c’est raconter des histoires, avouait-elle. Cela fait ressortir l’actrice en moi. Et j’adore les chansons qui ont cette faculté».
«Un triomphe incroyable»
L’actrice avait pris le dessus, en 1995. On se souvient en effet que la tigresse était devenue une patronne impitoyable d’un avant-poste dans une friche nucléaire, aux côtés de Mel Gibson, dans le troisième volet de la franchise, Mad Max. Après le carton de Mad Max, elle est d’ailleurs choisie pour le générique de Golden Eye, James Bond avec Pierce Brosnan dans le rôle-titre. Dans sa robe d’argent fendue sur ses jambes au galbe nerveux, la quinquagénaire, apportait sa puissance vocale à la partition de Bono et The Edge, du groupe U2, dans la pure tradition du thème de 007.
La chanteuse affirmait avoir eu davantage de vies qu’un chat… «Après Ike, une deuxième vie s’est présentée à moi. Un deuxième acte assez intense, fait d’aventure, de réussite et d’amour», expliquait-elle, sans en occulter les moments les plus sombres. Comme ses problèmes de santé. Victime d’un AVC, elle avait vaincu un premier cancer et souffrait d’une insuffisance rénale. Et surtout le suicide de son fils, Craig, à 59 ans.
«L’histoire de Tina n’est pas celle d’une victime, mais celle d’un triomphe incroyable», a écrit à son propos, la chanteuse Janet Jackson dans un numéro de Rolling Stone qui a placé Turner au 63e rang sur une liste des 100 meilleurs artistes de tous les temps. «Elle s’est transformée en une sensation internationale – une puissance élégante», ajoutait Janet Jackson pour qui Tina Turner était tout simplement la meilleure…