L’UE dénonce: Quatre pays européens utilisent le logiciel espion israélien Pegasus
DIA-09 novembre 2022: Des logiciels espions ont été utilisés de manière illégitime dans au moins quatre pays de l’UE (Pologne, Hongrie, Grèce et Espagne), selon un rapport intérimaire du Parlement européen rendu public mardi, qui prône un moratoire sur ces technologies.
L’utilisation abusive de logiciels espions dans des États membres de l’UE est une menace grave à la démocratie pour l’ensemble du continent, a déclaré la rapporteure, l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld (Renew Europe), lors d’une conférence de presse.
Dans une démocratie, placer les gens sous surveillance devrait être l’exception […] il ne devrait pas être possible d’en abuser à des fins politiques, partisanes, a-t-elle dit.
Elle a déploré que dans de nombreux cas, les gouvernements des États membres aient refusé de partager des informations officielles avec la commission d’enquête du Parlement européen (PEGA), qui a dû baser ses travaux sur d’autres sources, notamment les enquêtes journalistiques.
Le scandale des logiciels espions n’est pas un scandale national. C’est vraiment un scandale européen, a-t-elle déclaré. Nous avons tendance à le regarder à travers le prisme de la politique nationale. Mais si vous reliez les points, soudain une autre image émerge, et vous voyez qu’il s’agit d’une affaire entièrement européenne… Les députés, les commissaires et les fonctionnaires de la Commission ont été ciblés. D’autre part, les auteurs siègent également au Conseil européen, dénonce l’eurodéputée néerlandaise.
Pologne, Hongrie, Grèce et Espagne dans le collimateur
En Pologne et Hongrie, nous voyons que le logiciel espion (Pegasus, N.D.L.R.) est une partie intégrante d’un système conçu pour contrôler et même opprimer les citoyens critiques à l’égard du gouvernement, membres de l’opposition, journalistes, lanceurs d’alerte, a-t-elle affirmé.
En Grèce, où la commission parlementaire a appelé vendredi le gouvernement à une enquête urgente et approfondie sur ce scandale d’écoutes via le logiciel Predator, nous voyons des signes […] d’une utilisation systématique et à grande échelle dans le cadre clairement d’une stratégie politique, poursuit-elle.
En Espagne, il y a des indices forts que des personnalités politiques et d’autres aient été espionnés sans lien avec une menace évidente et imminente à la sécurité nationale, a-t-elle poursuivi.
Elle a ajouté que la commission d’enquête parlementaire devait se pencher davantage sur le cas de Chypre, évoquant des indices sur un recours à ce type de surveillance des citoyens, et décrivant ce pays comme une plateforme pour l’exportation de logiciels espions.
L’eurodéputée belge Saskia Bricmont (Verts), membre de la commission PEGA, estime que les États membres ont un recours beaucoup trop facile à ce concept, dénonçant l’absence de réaction des États membres et de la Commission à l’égard des pays tiers qui espionnent des citoyens dans l’UE.
Le rapport d’étape doit être discuté et amendé au sein de la commission PEGA par les différents groupes politiques, et sa version finale devrait être soumise à un vote du Parlement européen en mars 2023, ou en juin si la mission est prolongée.