La France va-t-elle restituer le Canon de baba Marzoug ? (Vidéo) - DIA
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La France va-t-elle restituer le Canon de baba Marzoug ? (Vidéo)

DIA-10 juillet 2020: Après la restitution des crânes des résistants algériens, le débat est relancé pour la restitution du Canon Baba Merzoug aux Algériens. La Consulaire pour les Français, ce canon de 12 t, long de 7 m, capable de tirer à 4,8 km, est l’un des symboles de la résistance algérienne à l’occupation française. Le canon avait été ramené en France comme trophée de guerre le 5 juillet 1830, au moment de la conquête de l’Algérie. Transformé en colonne, il est érigé au milieu de l’arsenal de Brest en 1833. Il n’en a pas bougé depuis 187 ans. Mais une demande officielle de l’Algérie pour son retour a été faite début juillet 2012, à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.   

Malgré cette demande officielle, le retour du canon en Algérie est loin d’être acté selon le journal breton Ouest France: « L’Amirauté est très attachée à ce canon, qui fait partie désormais de l’histoire de la Marine nationale« , a prévenu le ministère de la Défense de l’époque. Le sort du canon a été examiné par le ministre des Affaires étrangères. 

Pour l’histoire, le canon aurait été pris lors de la bataille de Pavie à François Ier par Charles Quint. Lors de l’expédition d’Alger de 1541, Charles Quint, surpris par une tempête, aurait abandonné son artillerie. Cela expliquerait ses inscriptions et sa similarité avec d’autres canons contemporains. Dans un livre édité en 1840 relatant la prise d’Alger par le père Dorigez aumônier de l’armée d’Afrique, il est écrit effectivement que : « Ce canon proviendrait de la prise de guerre de Charles Quint lors de la victoire sur François Ier à Pavie, en 1525. Charles Quint qui était allé bombarder Alger quelques années après, en 1541, avait dû fuir devant une épouvantable tempête, et abandonner toute son artillerie, près de trois siècles après, la victoire devait restituer cette pièce à l’armée française. »

Dans un autre livre écrit par le président de la fondation La Casbah Belakcem Babaci, il est précisé que le canon unique pour son époque avait été coulé à El Djazaïr en 1542 dans les fonderies de Dar En Hass prés de la porte Bab El Oued. Ce canon long de sept mètres qui  tirait des boulets de 80kg, pouvait atteindre les navires ennemis jusqu’à Tamentefoust. Du XVIè  au XVIIIè siècle, il était considéré comme l’arme absolue.
Cette pièce baptisée « Baba Merzoug », (le père chanceux en arabe) était installée lors de l’achèvement de la jetée Kheir Eddine à l’extrémité sur un bordj, qui fut appelé Bordj Amar. Baba Merzoug a pendant prés  de deux siècles défendu vaillamment El Djazaïr, causant des dégâts énormes aux navires ennemis. Il était craint par tous les chefs d’escadres venus attaquer El Djazaïr « El Mahroussa ».

Le canon est capturé par l’armée française, alors commandée par le général De Bourmont et l’amiral Duperré, lors de la prise d’Alger en 1830. Il a alors été déplacé dans l’arsenal de Brest par Duperré où il est transformé en une colonne reposant sur un socle de granit avec au sommet un coq, une patte tenant un globe terrestre. 

Pour Fatima Benbraham, présidente de l’Instance de lutte contre la pensée coloniale, l’un des gestes les plus significatifs serait la restitution du canon de Baba Merzoug, appelé en France « la Consulaire ».  « C’est une pièce d’artillerie qui a protégé l’Algérie pendant plus de 400 ans. C’est le plus grand. Il a une valeur symbolique extrêmement importante pour les Algériens parce que ce canon a détruit plusieurs navires français, les navires de Charles Quint, etc, qui pensaient pouvoir occuper Alger à l’époque. »
Au-delà des crânes, pour cette association algérienne, d’autres corps non identifiés exposés au Muséum d’histoire naturelle de France devrait être rendues. La France disposerait aussi d’archives algériennes, notamment des registres d’état civil précoloniaux, voire plus récents, emportés en 1967 lors du retrait des militaires français du Sud algérien.
Pour Tramor Quemeneur, historien français spécialiste de l’Algérie, d’autres prises de guerre pourraient être rendus : « Les documents, datant de la guerre de libération, ayant appartenu notamment à l’Armée de libération nationale ou au Front de libération nationale, ont été des « prises » de guerre pour des renseignements dans le cadre de la répression et de la guerre qui se déroulait en Algérie. » Pour ce professeur à l’université Paris-8 et spécialiste de la guerre d’Algérie, qui était co-signataire de la pétition qui demandait le retour de ces crânes en Algérie, cette restitution et les cérémonies qui l’ont entourée gardent un goût amer. Il faut aussi, selon lui, faciliter l’accès des chercheurs algériens aux archives françaises pour permettre d’écrire cette histoire commune.
A.H

 

 

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