Najla Bouden, première chef de gouvernement dans l’histoire de la Tunisie et du monde arabe
DIA-29 septembre 2021: Le président tunisien Kais Saied a chargé pour la première fois une femme, Najla Bouden, de former un gouvernement en Tunisie, deux mois après le limogeage du précédent cabinet, a annoncé mercredi 29 septembre la présidence. C’est la première femme cheffe du Gouvernement dans le Maghreb et le monde arabe. Elle est la deuxième dans le monde musulman après Benazir Butto, la première ministre pakistanaise.
Najla Bouden a été «chargée de former un gouvernement dans les plus brefs délais», a indiqué la présidence dans un communiqué. Après des mois de blocage politique, Saied avait le 25 juillet limogé le premier ministre, gelé le parlement et s’était octroyé aussi le pouvoir judiciaire.
Complètement inconnue du grand public. La nouvelle cheffe du gouvernement tunisien est une scientifique de formation. Najla Bouden, née en 1958, est originaire de la ville de Kairouan, dans le centre du pays. Docteure en géologie, elle a enseigné cette discipline à l’école nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit). Elle a ensuite mené « une grande partie de sa carrière » au sein du ministère de l’Enseignement supérieur. En 2015, elle était notamment membre du cabinet du ministre de l’Enseignement Supérieur Chiheb Bouden.
Depuis 2016, elle était en charge de la gestion d’un projet subventionné par la Banque mondiale pour réformer l’enseignement supérieur. Elle n’a toutefois pas de compétences reconnues en économie. Avant de gérer le projet subventionné par la Banque mondiale, elle avait été directrice générale au ministère de l’Enseignement supérieur.
L’Association tunisienne des femmes démocrates s’est réjouie du choix du président tunisien, assurant qu’elle lui en avait fait la requête. La militante réputée Bochra Bel Haj Hmida a salué la portée symbolique du geste mais rappelé que Kais Saied était « connu » pour des positions négatives sur l’égalité entre les sexes. En effet, fin 2019, pendant la campagne électorale et une fois élu président, le président s’est opposé à tout projet de loi mettant à égalité les hommes et les femmes dans l’héritage.
« Qu’elle règle les problèmes du pays ! »
Dans la rue, des Tunisiennes ont exprimé leur joie après la désignation d’une femme Premier ministre. Mais « cela ne veut pas dire qu’on va la soutenir quoiqu’il arrive », a souligné à l’AFP l’une d’elles, Yasmine Benhassen, une étudiante de 21 ans. « On fera attention à ce qu’elle va faire. » Pour Raoua Gorab, une chômeuse d’une trentaine d’années, ce qui compte c’est « qu’elle règle les problèmes du pays, qu’elle améliore la situation sur le marché de l’emploi », parce qu' »après la pandémie, tout a fermé ! »
La nomination de Najla Bouden « est une chose positive, une reconnaissance de l’importance du rôle des femmes en Tunisie et de leur capacité à réussir dans tous les domaines », a déclaré à l’AFP le politologue Slaheddine Jourchi. Mais Najla Bouden manque d’expérience, a-t-il ajouté en émettant des doutes sur sa capacité « à faire face à tous les énormes dossiers complexes » qui l’attendent. Très endettée et dépendante des aides internationales, la Tunisie fait face à une profonde crise économique et sociale – chute du PIB, forte inflation, chômage à près de 18% -, aggravée par la pandémie de Covid.